Vidéo réalisée par Molly Benn / Ourageis13.com lors du vernissage à la MEP
https://vimeo.com/90212316
Après la Grande Bretagne (Think of England – 2000), Mexico (2004-2006), et plus récemment le Luxembourg (série LUX – 2009), ce fut au tour de Paris cette fois d’accorder à Martin Parr une carte blanche. Depuis maintenant près de trente-cinq ans, l’association Paris Audiovisuel, puis la Maison européenne de la photographie confient à un photographe de renom le soin de nous livrer sa vision singulière de la capitale. Se sont succédés au poste avant lui des sommités de la profession, telles Henri-Cartier Bresson, Edouard Boubat, William Klein ou encore Bruce Davidson. Pendant deux ans, Martin Parr a parcouru la ville et ses recoins, couvrant tour à tour les événements marquants et culturels de la cité gauloise : le 14 juillet, l’ouverture de Paris Plage, les défilés de mode ou encore le Salon de l’aéronautique du Bourget.
De sa promenade, il en résultera une soixantaine d’images comme autant de portraits de la ville et de ses occupants. L’exposition à la MEP en présente un florilège sur fond de couleurs pastel, qui ne sont pas sans rappeler l’esthétique pop des années soixante. Passant de l’œuf à coq posé sur le zinc aux fourrures lustrées des quinquagénaires de la Fashion Week, il s’agit avant tout de gestes anodins, comme souvent chez Parr, mais qui, enfermés dans le cadre étroit de son objectif, s’en trouvent grossis et acculés. L’appareil du Britannique enregistre ces instants où les individus sont comme percés à jour et confrontés à ce long temps de pause d’une représentation de soi qui ne sied pas à l’esprit.
Un sous-ensemble paraît néanmoins se dégager de la série et se rapprocherait davantage de ses premiers travaux. Réalisées dans le cadre d’une résidence à l’Institut des cultures de l’Islam (ICI) en avril 2011, les clichés du quartier populaire de la Goutte d’Or à Paris se distinguent, et dévoilent un aspect plus documentaire de l’œuvre du photographe, où le kitch consumériste s’efface peu à peu pour laisser place à l’enregistrement de scènes et de lieux de cultes. Bien entendu, la patte du photographe et son goût pour les objets criards ne s’est pas totalement évanouie, mais peut-être ce dernier s’est-il montré plus prudent au moment de photographier les fidèles en pleine prière. Dans un film réalisé en 2009 par Luc Quelin pour la chaine Arte, Martin Parr confie : « Le savoir est peut être un handicap en photographie. » De sa spécificité et son contexte dans le débat national d’alors, il ignorait probablement tout des enjeux de cette communauté. Comme si le changement d’angle insufflait une forme de malice retenue, moins frontale à l’égard du sujet photographié. L’exposition présente quelques-uns de ces clichés antérieurs à la commande, qui détonnent aux côtés des représentations sulfureuses d’une jet set courant les défilés, et que l’œil a déjà eu maintes fois en tête.
Paris – Martin Parr
Jusqu’au 25 mai 2014
Maison europpéenne de la photographie
5-7, rue de Fourcy
75004 Paris
France
Tél. : 01 44 78 75 00
Du mercredi au dmanche de 11h à 20h
http://www.arte.tv/fr/martin-parr/2689762,CmC=2781930.html