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Le Journal de Jonas Cuénin

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Il faut aimer se perdre à Paris Photo 2013, dont l’appellation « foire » se justifie pleinement. Plus que les bousculades entre les hommes, ce sont celles entre les images qu’il faut retenir. Comme à chaque événement du genre, on n’y voit que des fragments d’œuvres : une, deux, trois, parfois cinq photographies par artiste exposé. C’est le principe, les galeries sont là pour appâter et vendre. Même s’il est souvent difficile de se laisser intégralement porter par l’univers ou le travail d’un photographe, il est au moins possible de l’approcher. Et c’est une façon de faire plusieurs découvertes à la fois.

Au rayon des nouveautés, il faut s’arrêter chez Esther Woerdehoff admirer les dernières créations de l’Américain Duane Michals ; ensuite se diriger vers la galerie finlandaise TaiK Persons pour se laisser bercer par les images de la photographe estonienne Iveta Vaivode ; chez Polka, où Ethan Levitas dévoile une partie de sa nouvelle série intitulée Photographs in 3 Acts qui redéfinit la configuration de l’espace public grâce à la photographie ; ou chez In Camera, où une jeune Russe, Evgenia Arbugaeva, nous fait découvrir sa ville natale à travers plusieurs mises en scène empreintes d’onirisme. En face, il y a la galerie Lumière des Roses et ses deux charmants gérants, Marion et Philippe Jacquier, qui exposent un grand nombre d’images étonnantes de photographes inconnus, souvent à moins de 2000 euros. Chapeau à l’acheteur de cette séquence de plusieurs photos qui dépeignent les expressions d’une femme sous LSD.

Pour les images plus célèbres, difficile de ne pas avoir une préférence pour celles exposées chez Magnin-A et par ses artistes africains – Ojeikere, J.D Okhai, Seydou Keita, Malick Sidibé –, pour celles du trio magique suédois – Stromholm/Engstrom/Petersen – chez VU, ou encore pour celles des récemment célébrés Joel Meyerowitz et Vivian Maier, derniers arrivant de la monstrueuse représentation du New-yorkais Howard Greenberg. L’un des galeristes photo les plus prestigieux outre-Atlantique, mais dont les prix restent abordables pour le néo collectionneur.

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Quant aux acteurs, il faut comme d’habitude se laisser porter par la foule pour en croiser quelques uns. Et se rappeler que les grands photographes font toujours office de stars de cinéma lorsqu’ils se donnent en public. N’en déplaise à Elliott Erwitt, sous le feu de dizaines de flashs à son arrivée, ou de Sebastiao Salgado, attendu par une queue interminable à la galerie Polka pour la signature de son livre Genesis. Et si le cœur est trop mis à l’épreuve de la frénésie, rien de plus apaisant que de se retrouver seul face au livre, le seul objet que l’on peut acquérir à partir de quelques dizaines d’euros. Cette sélection là est assurément à faire chez Actes Sud, MACK ou Xavier Barral.

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