Les dandys peuvent avoir diverses apparences et vivre dans toutes sortes de lieux. Ce qui les rassemble ? « La recherche obsessiionnelle de l’élégance masculine dans le mode de vie et le style », écrit Nathaniel Adams dans son livre issu de sa collaboration avec la photographe Rose Callahan, We Are Dandy: The Elegant Gentleman Around the World (Gestalten).
Adams a beau décrire le dandysme comme une « maladie singulière » qui a atteint « un niveau quasi épidémique », son livre est une déclaration d’amour sans équivoque. Après leur premier ouvrage, I Am Dandy: The Return of the Elegant Gentleman, qui explorait ce phénomène à New York, Londres, Paris, et sur la côte ouest des États-Unis, Callahan et Adams ont étendu leur étude à quatre continents. Leur nouveau livre présente cinquante-six hommes en provenance du Japon, d’Afrique du Sud ou d’Europe. Chacun est doté d’une introduction haute en couleur écrite par Adams. Les photos de Callahan représentant les hommes chez eux, au travail ou dans la rue sont somptueuses, chaleureuses, dignes d’un magazine de luxe.
Dans la préface, Adams fait le tour des genres de dandys répertoriés dans le livre. Il y a le dandy vintage, « obsédé par la justesse des détails de l’époque ». Le classique, « qui croit à un style intemporel » et s’attache à « l’artisanat et la qualité ». Le dandy #prêt-à-porter masculin qui est en général « jeune, utilisateur averti des médias sociaux » et « plus flamboyant et exhibitionniste » que les autres dandys. Et, enfin, il y a le dandy fashion victim qui « affectionne les océans tumultueux de la mode et du design ». Le monde des dandys est vaste dans We Are Dandy, et Callahan et Adams ont choisi d’en représenter un panel soigneusement sélectionné. Quant à l’optique internationale, elle permet de mettre en lumière le lien du dandy avec l’histoire et les traditions locales.
Les spécimens les plus intrigants restent ceux qui sont excentriques, même selon les critères dandy. Par exemple, Mr Ignatious Joseph, qui porte invariablement des chaussettes rouges, un pantalon gris et une veste bleue. Ou Mr Aymeric Bergada du Cadet, dandy « disco décadent » qui arbore une pilosité faciale rappelant la mode de la Première Guerre mondiale, et dont la garde-robe regorge de pantalons samouraï et de sequins. Ou encore Mr Gian Maurizio Fercioni, un artiste tatoueur qui ressemble à « un capitaine fou qui aurait assassiné un professeur d’Oxford et volé ses habits ». Dans cette contre-culture caractérisée par un individualisme forcené, ces hommes réussissent à défier toute catégorisation.
Il ne faut pas oublier que le véritable dandysme dépasse l’habillement, bien sûr, c’est une affirmation sartoriale holistique et un mode de vie sur-mesure. Callahan parvient habilement à capturer cet aspect dans ses photographies des possessions et de l’habitat exquis de ces dandys. Le magasin de tatouages de Mr Fercioni, par exemple, ou le petit manoir victorien du Baron Ambrosia à Yonkers, ou encore la collection de boîtes à biscuits et de vases de Mr Richard Aloisio sont l’expression même de ces univers esthétiques cohérents de part en part.
Car le monde d’un dandy est le fruit de son invention et par bien des côtés, c’est un fantasme. Mais cela ne rend pas la démarche frivole pour autant. Comme le souligne un texte commis par Dita Von Teese et inclus dans le livre, les dandys sont « de courageux caméléons briseurs de conventions » qui « transgressent la vie contemporaine ». Si c’est le cas, We Are Dandy constitue une grande source d’inspiration pour la révolution à venir.
Jordan G. Teicher
Jordan G. Teicher est un critique et journaliste américain vivant dans le quartier de Brooklyn à New York.
We are dandy, The elegant gentleman around the world
Publié par Gestalten
39,90 €
