Ce ne sont pas moins de vingt deux artistes qui participent cette année à la dix-septième édition du festival espagnol situé au Pays basque (Biscaye). Venant de Suisse, du Japon, d’Équateur, du Mexique, d’Argentine, de Grande-Bretagne, du Brésil ou de Grèce, au travers des nombreuses expositions et installations ; la plupart étant comme d’habitude, présentes dans les lieux emblématiques de la cité balnéaire.
En revanche c’est une première pour María Ptqk, la nouvelle directrice artistique, nommée pour trois mandats. Elle a choisi le thème de la Pause dans le sens de Stop ! Assez … Ralentissons, posons-nous et réfléchissons sur ce monde en continuelle évolution. Rencontre.
Pouvez-vous vous présenter ?
M.PTQK : Je suis donc María Ptqk, nouvelle curatrice de Getxophoto, festival qui a pour principe de renouveler sa direction artistique tous les trois ans, ce qui est une très bonne chose à mon avis.
Je suis née à Bilbao, j’ai une formation de chercheuse, et je me considère curatrice et chercheuse, notamment dans le domaine arts-sciences, même si je m’intéresse à beaucoup d’autres choses. Je ne viens pas directement du monde de la photo, mais mes centres d’intérêt tournent autour du sensible dans l’image.
La pandémie due au Covid est-elle une des raisons qui vous ont fait choisir ce thème de Pause ?
M.PTQK : Bien sûr l’expérience de cet arrêt de la société nous a tous marqués, mais c’est plutôt dans un sens politique, comme un appel à la pause. L’idée n’est pas d’aborder ce thème sous une forme personnelle mais collective et de réfléchir au mode d’organisation de la société, voir d’un mode de gouvernance. Faire une pause, c’est aussi faire une pause pour les écosystèmes, laisser le monde se reposer.
Ne serait-ce pas là des réflexions et préoccupations sociales plutôt qu’artistiques ?
M.PTQK : L’art de chaque moment historique est un reflet de la société. Aussi, comment peut-on poser ces questions à partir d’une démarche artistique ? Comment les artistes les représentent, comment les artistes formulent les questions ? et comment nous formulent-ils de nouvelles questions et nous amènent-ils de nouvelles perspectives ? Mon rôle de directrice artistique s’enrichi de ces faits, des propositions reçues, et se rempli d’autres nuances et des visions des créateurs.
D’ailleurs comment sont sélectionnés les exposants ici ?
M.PTQK : Une des sources des expositions programmées à Getxophoto vient de l’appel à projets international, une autre vient des rencontres faites avec les écoles de photographies espagnoles ; il y a aussi un partenariat avec le PhMuseum et bien sûr un travail de sélection curatorial.
Y a t-il une direction que vous comptez donner pendant ces trois ans ?
M.PTQK : Je tiens à l’idée d’un récit. 2023 on réfléchit à la Pause, 2024 et 25 je ne sais pas encore, mais j’aimerais aussi aller étudier le dessous de certains sujets. Même le thème de Pause peut être questionné ; qui peut se permettre d’en faire une ? N’est-ce pas un privilège réservé à certains ? etc…
Maintenez-vous la présentation des expositions, en grande partie extérieure, à Getxo ?
M.PTQK : Oui, il y a toujours les sites traditionnels de la ville, même si nous avons de nouveaux lieux. Je tiens bien sûr à ce que l’espace public continue à recevoir les propositions des artistes, car je trouve que même pour un public sensibilisé à la culture, l’approche d’œuvres est différente en extérieur, d’autant plus quand les installations rentrent en dialogue elles-mêmes avec l’urbanisme. Il y a un discours supplémentaire qui se crée par le choix de l’emplacement, et c’est aussi un défi intéressant pour la direction artistique, pas seulement d’un point de vue de production mais du côté du discours.
Jean-Jacques Ader
Festival Getxophoto
du 1er au 25 Juin 2023, à Getxo (Espagne)
https://www.getxophoto.com/
