Yasuhiro Ishimoto – Une scénographie au BAL sous influence – Par Cyril Delhomme
« Les photographies se déploient tout en retenue minimaliste dans une très belle scénographie en forme de dédale sur deux étages. Une ribambelle de jambes en contrapposto, cadrées de manière à extraire les textures des peaux et les formes de la chair comme des motifs. […] Toutefois, l’exposition ne tombe pas dans le piège de la fascination japoniste. Elle donne la sensation que ce photographe rigoureux n’est jamais aussi intéressant que lorsqu’il fait dialoguer l’immuabilité de ses compositions toujours tirées au cordeau, et un principe de distorsion visuelle ». – Rémi Guezodje, Libération
Dans l’exposition au BAL, le choix des 169 tirages, pour la plupart d’époque et tirés par Ishimoto lui-même, se concentre sur les premières décennies de son œuvre, entre Chicago et le Japon. Les défis scénographiques de la présentation au BAL de l’œuvre d’Ishimoto étaient multiples, notamment magnifier dans l’espace des tirages d’époque remarquables mais de petits formats et mettre en scène les allers-retours de son parcours entre Chicago et Tokyo que le spectateur devait suivre sans en perdre le fil. La pièce maitresse de l’œuvre d’Ishimoto réalisée à Katsura allait occuper une place centrale du parcours. Son dessin devait évoquer la singularité de la villa impériale du XVIIème siècle, telle que vue par « le prisme de la modernité » d’Ishimoto.
J’ai donc d’abord imaginé pour la scénographie un dessin graphique des influences d’Ishimoto, l’école du Bauhaus, la ville de Chicago et sa culture Japonaise. Des lignes, des hauteurs différentes, les aplats de couleurs dans un style brut Bauhaus pour suggérer un milieu urbain, des bruns «roots» pour le Chicago blues et un bleu profond, silencieux, crépusculaire pour un japon d’après-guerre. La villa Katsura est posée dans l’exposition comme une révélation, celle de l’architecture japonaise traditionnelle, plusieurs siècles avant le Bauhaus. Les éléments de l’architecture intérieure japonaise classique ont guidé le dessin (le Shōji coulissant et fin, le format des tatamis, l’espace carré). La circulation joue sur les allers-retours du spectateur entre les Etats-Unis et le Japon, le va et vient des cultures porté et sublimé par Ishimoto.
Par Cyril Delhomme, scénographe du BAL.
Yasuhiro Ishimoto – Des Lignes et des Corps
Jusqu’au 17 novembre 2024
LE BAL
6 impasse de la Défense
75018 Paris
www.le-bal.fr