Du 19 juin au 17 novembre 2024, Le Bal présente une figure remarquable de l’histoire de la photographie japonaise, pourtant méconnue en France : Yasuhiro Ishimoto (1921-2012). Pour la première fois en Europe, l’exposition, organisée en étroite collaboration avec le Ishimoto Yasuhiro Photo Center au Museum of Art, Kochi, au Japon, rassemble 169 tirages rares, pour la plupart d’époque et réalisés par Ishimoto lui-même. Le parcours de l’exposition se concentre sur les premières décennies de son œuvre, entre Chicago et le Japon. Figure clé des années 1950 et 1960, il sera considéré comme « visuellement bilingue » par sa capacité à allier l’approche formelle du New Bauhaus à la quintessence de l’esthétique japonaise.
Cette alchimie singulière est le fruit d’un parcours unique. Formé à l’Institute of Design de 1948 à 1952, Ishimoto incarne la première génération de photographes de l’École de Chicago, marquée par la double influence d’Harry Callahan et Aaron Siskind. À son retour au Japon en 1953, il devient une figure majeure de la scène artistique japonaise. Ses photographies de la Villa impériale Katsura à Kyoto vont donner lieu à un corpus créant une onde de choc dans le monde de l’architecture et du design comme en témoignent les mots du directeur artistique Ikko Tanaka, pour qui Ishimoto sera le premier à introduire « un modernisme intellectuel et austère qui nous a largement inspirés… Ses chemins de pierre évoquaient des sculptures de Brancusi… Il jetait sur le monde un regard radicalement nouveau ».
Au cours de la même période, Ishimoto ouvre la voie à de nouvelles façons de concevoir le livre de photographie avec la parution d’un des ouvrages les plus importants de l’histoire de l’édition japonaise, Someday, Somewhere (1958). Ce livre, par son graphisme expérimental pour l’époque, aura une grande influence sur une jeune génération de photographes et de designers.
Porté par une quête de réinvention permanente, Ishimoto sera un des passeurs de la modernité en photographie, opérant un travail de métissage entre culture japonaise et influence occidentale. À regarder ses scènes de Chicago ou Tokyo, d’une beauté si ordonnée, si vibrante, on comprend qu’il devint, pour emprunter les mots de Stefan Zweig, un « intermédiaire tout à fait extraordinaire entre Orientaux et Occidentaux, un homme à double dimension, capable d’une part de contempler de l’extérieur avec étonnement et respect, le côté étranger de cette beauté, et de l’autre de la représenter et de nous la faire comprendre comme allant de soi, comme une beauté vécue de l’intérieur et devenue sienne. »
Diane Dufour
Extrait du texte d’introduction du livre Ishimoto. Des lignes et des corps co-édité par Le Bal et Atelier EXB.
Commissariat : Diane Dufour avec Mei Asakura, conservatrice au Ishimoto Yasuhiro Photo Center
Yasuhiro Ishimoto : Des Lignes et des Corps
Du 19 juin au 17 novembre 2024
Le Bal
6, impasse de la Défense
75018 Paris
+33 1 44 70 75 50
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