Kobal retrouva également Laszlo Willinger, le successeur de Ted Allan, qui coulait une retraite paisible à Los Angeles. Né en Hongrie, Willinger fit partie des derniers talents à être repérés en Europe par la MGM avant la Deuxième Guerre mondiale ; il intégra le studio en 1937. Hedy Lamarr et Luise Rainer furent signées la même année. Au début, Willinger était réticent à parler du passé par qu’il pensait qu’il n’y avait pas grand intérêt à évoquer le Hollywood des années 30 et 40. Kobal réussit à le convaincre et ils finirent par devenir amis.
Willinger apporta un regard neuf à la MGM et à la photographie hollywoodienne – ses impressions avaient une fraîche luminescence et ses compositions orientaient souvent ses sujets dans la diagonale, ce qui leur donnait une sophistication moderne, très européenne. « Je voulais rendre la photographie aussi théâtrale que possible » écrivait Willinger en 1986, « en éclairant de manière théâtrale ». Comme il l’avait fait avec Hurrell, Kobal interrogea avec empressement le photographe vétéran sur sa pratique photographique. Willinger raconta à Kobal que « des tonnes de photographies étaient prises et les négatifs étaient entassés partout, mais ils n’étaient jamais utilisés parce que les stars y mettaient leurs vétos ». Même si la première dame de la MGM, Norma Shearer, avait confié à Willinger la mission de réaliser ses portraits à partir de 1937, et il fit d’elle des photos magnifiques pour Marie-Antoinette (1937) et ses films postérieurs dont The Women (1939), cela ne garantissait aucunement que ce travail serait facile. « Si Shearer aimait dix pour cent d’une séance » dit Willinger à Kobal, « c’était une franche réussite. Avec Crawford, vous pouviez espérer que quatre vingt pour cent lui plairait. C’était une grande professionnelle. »
Lire le texte dans son intégralité dans la version française du Journal.