Reconsolidation est une exposition de combat et d’exorcisme dont le noyau est l’album de famille de l’autrice, Isabel Perez del Pulgar. Conçue comme un projet plasticien et pluridisciplinaire, cette exposition aborde la question de la domination masculine à partir d’une archive intime
Isabel présente ici un univers domestique parcouru de jeux de pouvoir : ciseaux, bocaux, images cramées, albums hallucinés, miroirs opaques, vêtements inhabités. Dans de petites mises-en-scène d’apparence roses et soignées, elle y rejoue l’enfermement, l’abattement, l’ennui, l’attente, l’effroi et le dégoût. La violence subie est ambivalente : oscillant entre menaces et séductions, portes closes et cadeaux dérisoires. Les reçus bancaires s’invitent dans les albums, témoins d’une aumône humiliante infligée au fil des mois avec une avarice obsessionnelle.
Revisitant une archive de vie conjugale, malaisante car mensongère, elle dit la lacune de la mémoire dans les percements de l’image, la violence dans la griffure, le doute dans les fissurations, l’effacement de soi dans les variations colorimétriques qui ensanglantent, la libération dans les brûlures, la mélancolie dans les cendres retenues sous la vitre du cadre. Elle va jusqu’à retourner les images à l’envers, pour montrer les coulisses du décor : le non-dit et la vanité du mythe que l’album conjugal prétend produire.
Ironiquement, Isabel remet les images ainsi réappropriées dans les dispositifs convenus de la mémoire : l’album, le cadre, la pochette photo. Elle montre ainsi les failles de ces dispositifs mémoriels, les contourne, s’en échappe de l’intérieur, sans effraction. Elle en dévoile aussi le fond mortifère et pousse cet art de la conservation jusqu’à son expression la plus pétrifiante, le bocal de formol qui recueille les derniers débris de ses sorcelleries, résidus inquiétants et quasi chamaniques… valant retour de la mise à mort à l’envoyeur.
Ce projet comporte un volet participatif et sororal. Isabel a invité d’autres femmes artistes à lui envoyer des témoignages, littéraires ou iconiques, de menaces ou agressions qu’elles ont pu elles-mêmes subir ou de sentiments de culpabilité ou d’enfermement qu’elles ont pu éprouver.
L’ensemble de ces éléments construit une œuvre cathartique dont l’enjeu est la remise en mouvement de l’histoire personnelle, la reconstruction d’une mémoire vivante et libre
Internationalement reconnue pour son œuvre de vidéaste, Isabel Perez del Pulgar investit ici le médium photographique et ouvre un nouvel axe de travail autour des images fixes.
Isabel Perez del Pulgar : Reconsolidation
Du 21 juillet au 26 août
Larvoratoire photographique
20 rue Anatole France
29100 Douarnenez
Du mardi au samedi
11h00-13h00 et 16h00-19h00
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