Né en 1990, Sengsong a travaillé avec ses frères et sœurs dans la ferme familiale de la province d’Oudomxay, au nord-ouest du Laos, avant de rejoindre l’orphelinat de Luang Prabang. C’est là qu’à 12 ans il entre à l’école : il a alors tout à apprendre. Sengsong continue aujourd’hui d’étudier et consacre son temps libre à la peinture, la photographie et la lecture.
« J’ai toujours aimé photographier mon environnement naturel en gros plan. J’ai cadré ce que je voyais, sans composer : papiers d’emballage, sacs en plastique, couleurs et formes juxtaposées d’une manière que je trouvais intéressante. Ce n’est qu’en regardant les clichés sur l’écran de mon ordinateur que j’ai pris conscience de la pollution et de la quantité de déchets rejetés par l’Homme. J’ai pris plein de photos, que j’ai montrées autour de moi pour sensibiliser les esprits. J’ai grandi dans un village soigneusement entretenu, loin de la route et, a fortiori, loin de tout marché. Rares étaient les habitants qui se rendaient en ville, et les ordures restaient contenues.
Aujourd’hui, ce n’est plus pareil : il y a de plus en plus de déchets, et plus particulièrement des paquets de lessive et des flacons de shampooing autour du point d’eau. En fait, j’ai l’impression qu’il n’y a plus un endroit propre sur cette Terre. C’est pour ça que je mets en garde mes proches restés au village contre l’impact du plastique sur l’environnement. Le lien entre la pollution et ce que j’ai pu entendre au sujet du réchauffement climatique m’apparaît désormais comme une évidence. »
Françoise Huguier, commissaire
Texte extrait du livre-catalogue « Photoquai » coédition Musée du Quai Branly- Actes-Sud