Depuis près de quarante ans, la photographe brésilienne Elza Lima (Belém, 1952) documente son Amazonie natale dans un style très personnel, plein de bienveillance.
Enfant, depuis la fenêtre de la cuisine de sa grand-mère, elle voyait le Guajará, l’une des multiples rivières qui composent cet extraordinaire réseau hydrographique que le poète Thiago de Mello a nommé la « patrie de l’eau » : l’Amazone. En Amazonie, le fleuve est la route, la nourriture, l’inspiration poétique ; c’est dans l’eau que s’écoule la vie des populations traditionnelles, c’est là qu’elles ancrent leur quotidien et puisent leur foisonnant imaginaire collectif.
Encore inédite en France, l’œuvre d’Elza Lima donne à voir un peuple en symbiose avec la nature. Elle nous présente aussi les fêtes religieuses d’un catholicisme populaire très particulier, influencé par l’imaginaire et la riche cosmogonie amérindienne, ainsi qu’un ensemble d’images sur fond de peintures naïves révélatrices des croyances et des légendes locales.
Au cours de sa carrière, l’artiste a témoigné d’une métamorphose progressive des paysages amazoniens. Car depuis longtemps, la recherche de ressources naturelles provoque dans ces territoires des changements dramatiques qui affectent la faune et la flore, mais aussi la composition chimique du sol, du sous-sol, des eaux et de l’air, et qui touchent directement les populations qui y vivent. C’est toute la contradiction que porte parfois la photographie : des images oniriques d’un territoire menacé.
Cristianne Rodrigues
Commissaire d’exposition, spécialiste de la photographie brésilienne