Dewi Lewis découvre à Arles ses nouveaux titres, parmi lesquels The Epilogue, de Laia Abril, démonstration des possibilités éditoriales en même temps que témoignage intime d’un fléau sociétal sous-estimé : la boulimie. Dans le cadre d’une enquête plus générale sur cette maladie dévastatrice et souvent associée aux conséquences des standards de beauté réducteurs imposés par la toute-puissante mode, Laia Abril a rencontré les parents dévastés de Cammy Robinson, morte à 26 ans des ravages d’une alimentation déglinguée. La performance photographique et narrative consiste à reconstituer la vie brûlée de Cammy à partir de témoignages de ses proches, de photographies d’archives collectées dans les précieux albums familiaux, de certificats médicaux, de lettres personnelles, de coupure de presse et d’extraits de son journal intime, tous présentés dans leur format et matériau originaux.
La diversité documentaire traduit la complexité de ce drame insondable : la boulimie est duelle, cachée et visible, psychologique et physique, réaction au groupe autant qu’action individuelle. L’ouvrage est un testament cathartique rédigé par Laia Abril pour la famille Robinson, retraçant les hauts et les bas de Cammy pour tenter de comprendre. Mise en lumière, des citations comme « She promised me she had quit vomiting », « I remember feeling a relief because she was in a safe place », jalonnent l’ouvrage. Elles traduisent le regret de ne pas avoir pu prévenir le drame. Les temporalités se mêlent, le futur y fait quelques apparitions timides comme autant d’indices d’un deuil inachevé.
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