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L’agence des Reporters Associés par Louis Le Roux #2

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#2 – Mais qui est Lova de Vaysse ?

Lova de Vaysse est un patronyme de presse. Le vrai nom de Lova de Vaysse est Vladimir-Lev Rychkoff-Taroussky né le 21 décembre 1921 et décédé le 7 janvier 1983[1]. Il se dit descendant de russes blancs émigrés à Paris après la guerre de 1914 et serait aussi petit-fils de prince russe, voire de Gengis Khan…

Lova de Vaysse a une petite ressemblance physique avec Paul Meurisse[2], un acteur bien connu à cette époque, ils ont en commun des poches sous les yeux, d’où la ressemblance.

Lova de Vaysse est toujours bien habillé : costume cravate ou veste de tweed un peu sport, souvent assez clair, chaussures vernies. Un jour, je lui demande si ce n’est pas un peu trop voyant… Je n’ajoute pas, pour son âge ! Il me répond simplement : « quand tu vieilliras tu verras… Habille toi de clair, ça rajeunit ». Il n’a alors que 35 ans ! Beau parleur, il sait plaire aux dames comme aux messieurs, mais les dames ont droit au baisemain.

Baboussia, sa mère, habite avenue Bosquet près des Invalides et passe souvent par l’avenue Frochot voir son fils et sa petite-fille Katherine[3] âgée de 8 ans et surtout le couple Davis Boyer. Baboussia garde parfois Katherine quand les parents sortent le soir. Jacqueline de Vaysse est une belle femme, élégante, souriante et très effacée. Bien habillée, joliment coiffée, c’est une vrai parisienne d’origine auvergnate !

Ils ont des amis, dont Jean-François Chauvel, le père de Patrick mais surtout Jean et Madeleine Pinard. Jean est un ami d’école de Lova de Vaysse puis ont fait leurs études universitaires ensemble. Il est colonel de Gendarmerie et en fin de carrière deviendra général. Il commandera la Garde républicaine de l’Elysée sous la présidence du général de Gaulle. J’ai des photos de lui sur le perron de L’Elysée. Quand il a du temps libre il aime bien accompagner Lova en reportage.

J’y vais aussi ! Un jour, nous nous sommes retrouvés sur un reportage à l’île de Ré. Une histoire peu courante pour l’époque : un couple avec deux enfants dont le mari avait changé de sexe. Nous avons eu droit à une dégustation d’huîtres avant de prendre le bateau pour aller sur l’île…

Le travail avant tout, c’est la devise du patron. Lova de Vaysse m’a pris sous sa coupe, un peu comme un fils. Il me conseille, me guide dans le métier. Bientôt il me fera entière confiance, me laissera choisir les photos des reportages et organiser le travail.

La légende dit, que dès le lever du lit, il va en robe de chambre directement au « Balto », le café tabac du bas de l’avenue Frochot. En fait, Il aime le petit café du matin suivi d’un Fernet-Branca, un apéritif imbuvable. Mais pour lui c’est son remontant, son « médicament » dit-il. Après le « Balto », dix mètres plus bas, il passe chez le libraire prendre les journaux du jour : quotidiens et magazines pour la revue de presse. Je participe à la lecture de la presse presque tous les jours. Renaud Martinie est là ainsi que les photographes. Nous discutons des évènements importants et de ceux à couvrir.

Lova de Vaysse fume beaucoup, Jacqueline sa femme aussi. Ils déjeunent de temps en temps à la maison, mais souvent à l’extérieur, Il y a un bon petit restaurant dans le bas de la rue Henry Monnier où ils ont leurs habitudes. Au menu, du bon poisson et aussi du homard flambé, fendu vivant et cuit devant le client. C’est bon le homard, mais de le fendre en deux comme cela alors qu’il gigote, j’en ai encore mal au cœur. Mais j’en mange quand même lorsqu’il m’invite, surtout pour des repas d’affaires.

C’est là que nous discutons des marchés et des prix des matières premières – que nous consommons en très grandes quantités – avec les représentants des sociétés Ilford, Kodak, Fuji, et même Guilleminot[4]… Lova de Vaysse signe toujours ses contrats à la mode française, c’est-à-dire après un bon repas dans un bon restaurant.

Il aime aussi sortir le soir, il a ses habitudes dans un club : « Chez Touré[5] » où il a sa bouteille de whisky à disposition. Dans ces boites on danse ! On boit ! On discute aussi affaires ! Lova de Vaysse croit nous faire plaisir, à moi et mon épouse, mais ce n’est pas le cas. On a toujours essayé d’éviter ces soirées.

Un jour, pour un anniversaire, il invite une partie de l’agence dans une boite russe dont je n’ai plus le nom en tête, un repas russe et une fête à tout casser avec musique, violons tzigane et vodka à boire à la russe en jetant son verre derrière soi pour le briser. Il parait que ça porte bonheur. Pour moi, ce fut une catastrophe, je n’ai jamais su qui m’a ramené à la maison…

Une autre fois ce fut une soirée à Montmartre « Au Lapin Agile[6]», cabaret illustre, pour remercier les équipes après un gros coup de presse réussi. De ce côté-là il n’est pas avare.

 

[1] Merci à sa fille Katherine Rychkoff pour ses précisions.

[2] Paul Meurisse (1912 -1979) est un comédien français. Après quelques rôles secondaires, sa carrière cinématographique démarre. Acteur prolifique au cinéma, il est également un comédien de premier plan au théâtre, pensionnaire de la Comédie-Française à partir de 1956.

[3] Katherine Richkoff est née en 1942. Elle est aujourd’hui cogérante des Productions Davis Boyer installées à Sèvres (Hauts de Seine)

[4] Gustave Guilleminot (1830-1895) crée une fabrique de produits destinés à la photographie : verres pour plaques en divers formats, collodion, papiers salés ou albumines ainsi que des cuvettes pour le développement, des objectifs, soit une bonne partie des accessoires dont les photographes du XIXe siècle avaient besoin. …/…L’une des filles de Gustave, Berthe, épousa en 1898, un Alsacien diplômé d’HEC, Emile Boespflug (1869-1951), qui devint l’associé…/… En 1937, les deux associés décident d’implanter une nouvelle usine à Amboise. Après la Seconde guerre mondiale, l’usine se diversifie et produit des films malgré la concurrence de Kodak, Agfa, Gevaert et, bientôt, Fuji. Le déclin en 1991. La société Guilleminot-Boespflug est déclarée en cessation de paiement le 24 décembre 1994. Les 13 et 14 mars 1995, une vente aux enchères du matériel, des produits et des matières premières a lieu dans la cour de l’usine.

Source : http://www.portraitsepia.fr/photographes/guilleminot-and-boespflug/

[5] « Chez Touré » – Club de danse cité dans « Alain » de Catherine Robbe-Grillet– Editions Fayard 2012

[6] « Au lapin agile » est un célèbre cabaret de Montmartre créé en 1860.

Cet article est d’abord paru sur le site A L’OEIL – Journalisme & Photographie : http://www.a-l-oeil.info/blog/

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