L’exposition « Jeff Wall. Possible Tales », conçue par Jean-François Chevrier avec l’artiste est visible jusqu’au 13 octobre à Barcelone à La Virreina Centre de la Imatge. Avec 35 tableaux photographiques créés de 1980 à 2023, c’est la première fois que l’œuvre de Jeff Wall est aussi largement présentée en Espagne – et la dernière rétrospective en France de l’artiste canadien remonte à… 1995 (au Jeu de Paume).
À rebours d’une idée de la photographie comme un art prolifique, Jeff Wall n’a produit « que » deux cents images depuis 1978 (date du premier tableau retenu) : soit 4 ou 5 par an en moyenne. Il a toujours travaillé à la pièce, en favorisant l’autonomie du tableau. Chaque nouvelle image augmente et complexifie un réseau ouvert de sujets, de motifs et de figures, animé par des jeux d’échos et d’analogies. Entre deux pôles, qu’il qualifie de « cinématographique » et « documentaire », s’est formé un réseau de scénarios et de motifs qui traverse les répertoires iconographiques et les genres de la tradition picturale.
Le travail de Wall a largement contribué, depuis les années 1980, à définir ou redéfinir la photographie comme part intégrante de l’art contemporain. Sa pratique du tableau photographique hérite de l’histoire de la peinture sa donnée fondamentale : la composition. L’ensemble, formé pièce à pièce, est à la fois dense et extrêmement varié, traversé de reprises et de croisements thématiques, où domine un sens aigu de l’énigme. Chaque image se situe sur un très large éventail de registres et de modes d’expression, entre pure description et amorce d’un possible récit.
L’œuvre la plus ancienne de l’exposition, Steves Farm, Steveston (« la ferme Steves, à Steveston »), un paysage de 1980, figure un site semi-rural dans l’agglomération de Vancouver ; elle correspond à une orientation documentaire. L’œuvre la plus récente (Maquette for a monument / to the contemplation / of the possibility of mending / a hole in a sock [« maquette pour un monument à la contemplation de la possibilité de repriser un trou dans une chaussette »], 2023) appartient, par le biais de l’allégorie, au mode « cinématographique » : l’image est alors soigneusement mise en scène, parfois jusqu’à produire un monde halluciné ou merveilleux. Un certain nombre de tableaux appartiennent à un registre intermédiaire, « presque documentaire ».
Jeff Wall : Possible Tales
Jusqu’au 13 octobre 2024
La Virreina Centre de la Imatge
Palau de la Virreina
La Rambla, 99
08002 Barcelone, Espagne
https://ajuntament.barcelona.cat/lavirreina/en
Conversation publique entre Jeff Wall et Jean-François Chevrier, enregistrée le jour de l’inauguration :
