La ville de Saint-Laurent-le Maroni vient d’acquérir le droit d’utilisation d’une collection d’images des bagnes de Guyane, prises entre 1906 et 1911 par le Docteur Léon Collin. Son petit- fils, Philippe Collin, a fait récemment cette découverte inattendue dans le grenier de la maison familiale en Saône-et-Loire. Persuadé d’y trouver des photographies « médicales », il tombe sur des milliers de plaques de verre et manuscrits, conservés jusqu’ici dans des boîtes, illustrant et relatant le quotidien des bagnards, de leur départ depuis l’île de Ré jusqu’à leur lieu d’emprisonnement en Guyane française ou en Nouvelle-Calédonie.
Au début du XXe siècle, Léon Collin, issu d’un milieu bourgeois, est médecin des troupes coloniales. À 26 ans, il embarque sur le Loire pour accompagner le transport des prisonniers : scandalisé par le traitement infligé à ces derniers, il décide d’en témoigner en utilisant l’une de ses passions : la photographie. Pendant cinq ans, il saisit le quotidien de ces hommes condamnés à la double peine. Une majorité des documents sont prises durant la traversée, mais il rapporte également la dure réalité des différents camps et bagnes du territoire lorsqu’il pose pied à terre. Anonymement, il diffusera plusieurs fois ses images dans le Petit Journal illustré pour dénoncer ces conditions de détention abominables.
Le Docteur Collin a rarement parlé à ses proches de ses années passées sur le paquebot ou dans ces colonies françaises. À ce jour, Philippe Collin s’appuie encore sur les manuscrits afin d’élucider de nombreux détails sur les escales de son grand-père et ses déplacements entre les camps. Il travaille actuellement sur l’édition de deux livres sur la Guyane et la Nouvelle-Calédonie, d’après les cahiers légués par le Docteur Colin : Quatre ans chez les forçats et Fin de bagne en Nouvelle-Calédonie. Après avoir fait don des plaques de verre au musée Nicéphore Niépce de Châlon-sur-Saône, qui a procédé à la numérisation de celles-ci, il a récemment vendu les droits d’utilisation à la ville de Saint-Laurent. À ce jour, près de 150 photographies des bagnes de Guyane ont été recensées et feront l’objet, d’ici la fin de l’année 2014, d’une exposition au futur Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP) du département, qui sera situé dans le Camp de la transportation.
Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP)
Camp de la transportation Saint-Laurent-du-Maroni, Guyane française.
Responsable : Marie Bourdeau. Secrétariat : 0594 27 85 96 [email protected]
Musée Nicéphore Niépce
28, quai des Messageries
71100 Chalon-sur-Saône
+ 33 [0]3.85.48.41.98 / tel + 33 [0]3.85.48.63.20
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