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La saga des inventions, du masque à gaz à la machine à laver: les archives du CNRS

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Les archives du CNRS regorgent de milliers d’images témoignant de plusieurs décennies de recherches et d’inventions. Ce patrimoine, produit entre 1915 et 1938, fait en ce moment l’objet d’une grande exposition dans le cadre du festival international de photographie d’Arles.

Ces images méconnues sont les témoins visuels d’une vingtaine d’années de recherches et d’inventions initialement liées à la guerre et la défense nationale, puis orientées vers la vie civile et domestique. Elles ébauchent une histoire de l’innovation, traversée par le design, à la croisée des sciences, des techniques et de l’industrie. Ces photographies racontent également les débuts de l’institutionnalisation de la recherche, depuis la création, en 1915, d’une Direction des inventions intéressant la défense nationale par le ministre et mathématicien Paul Painlevé, jusqu’à la création du CNRS en 1939 par Jean Perrin. Dans ces documents, le futur prix Nobel de physique se révèle lui-même inventeur : mobilisé comme officier du génie pendant la Première Guerre mondiale, il met au point un clairon augmentant la portée du son, ou encore un stéthoscope géant pour détecter des sons souterrains.

Tout commence au cœur du premier conflit mondial, à la fin de l’année 1916, quand le républicain Jules-Louis Breton est nommé à la tête du sous-secrétariat d’Etat aux inventions intéressant la défense nationale. Breton, qui déteste la bureaucratie et ses lenteurs, systématise l’emploi de la photographie précisément pour accélérer les processus et transformer une idée, d’où qu’elle vienne, en un objet défensif, offensif ou domestique utilisable le plus rapidement possible.

Dans cette république des inventions, rien n’est hiérarchisé, à l’image de la vision d’un Breton, attentif aux grands comme aux petits projets et soutenant avec une même ardeur les recherches en science pure et en sciences appliquées.  Aucune distinction n’apparaît non plus dans la façon de prendre les photos :  le principe de prise de vue reste le même pendant plus de trente années. Aux natures mortes et aux mises en scène avec figurants, s’ajoutent des séquences et des séries temporelles. C’est finalement une sorte de veille photographique des inventions que produit le service de Breton.
Au fil des jours et des expériences, les clichés s’accumulent comme autant d’observations peuplant un grand cahier de laboratoire virtuel. Ces milliers d’images nous confrontent aux méandres du progrès technique, aux vacillations parfois touchantes du processus même de création. Avec, derrière ce processus, des stimuli impitoyables : la guerre (survivre), puis les incitations plus modérées de la croissance économique (mieux vivre).

Sur les centaines d’inventions systématiquement photographiées à partir de 1917, peu ont réellement abouti à un objet produit en masse ou contribué à une découverte scientifique majeure. De nombreux dossiers furent classés sans suite, la Direction des inventions faisant figure de laboratoire. Elle rassemble des individus d’horizons différents qui essayent, testent… et qu’importe si cela ne marche pas, on ratera mieux la prochaine fois, selon l’expression de Samuel Beckett.

A voir jusqu’au 22 septembre 2019.

L’exposition La saga des inventions. Du masque à gaz à la machine à laver, les archives du CNRS, coproduite par les Rencontres d’Arles et le CNRS, en partenariat avec les Archives nationales, commissariat Luce Lebart, est à voir à Arles à l’espace Croisière :
1 juillet – 22 septembre. 10H00 – 19H30
https://www.rencontres-arles.com/fr/expositions/view/780/la-saga-des-inventions

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