Pendant des décennies, le géant de l’Est est resté un grand inconnu de la scène internationale. Entre la mer Baltique et le Pacifique, le Rideau de Fer séparait l’immense Empire du reste du monde. Seulement quelques maigres rumeurs s’en échappaient. Après la mort de Staline en 1953, les forces se relâchent et des reporters de l’Ouest commencent à palper et à assembler les pièces d’une nouvelle image de la Russie. En 1956, seulement un an après le traité de paix entre la Russie et l’Allemagne, et après de longues négociations avec les autorités soviétiques, une équipe de production de films d’Allemagne de l’Ouest obtient l’autorisation de filmer en URSS. Peter Bock-Schroeder est engagé en tant que photographe. Il est le premier photographe allemand officiel a pénétrer en URSS après la seconde Guerre Mondiale. Durant le reportage, tous les membres de la production étaient soumis à une censure très stricte. Et tandis que les caméras étaient contraintes de suivre un script écrit et approuvé par les autorités, de son côté, Peter Bock-Schroeder photographiait avec son Rolleiflex, presque sans restriction.
Les photographies de Bock-Schroeder mettent en lumière les différences et les similarités entre l’Est et l’Ouest de la fin des années 50. Son travail décrit la vie quotidienne en Russie dans toute son austérité et son authenticité. Il témoigne également de la ferveur religieuse à travers des cérémonies et des processions de l’Eglise Orthodoxe, de la splendeur du Théâtre du Bolchoi à Moscou, mais encore des grands événements sportifs et des parades militaires.
A la veille de son retour en Allemagne, Peter Bock-Schroeder a pris soin de coudre ses pellicules de négatifs dans la doublure de son manteau. Le photographe savait qu’il prenait un risque, mais après avoir été témoin du régime de son propre pays, il n’était plus question de se soumettre à la censure.
Peter Bock-Schroeder
Peter Bock-Schroeder est né à Hambourg en 1913. En 1929, à l’âge de 16 ans, Bock-Schroeder part se trouver un futur Berlin. Il suit une formation d’apprenti aux studios de l’Atelier Binder. Après des mois passés à « retoucher des négatifs et des positifs, faire le clown pour les portraits d’enfant et acheter les petits pains pour le patron », il quitte le studio et intègre l’Ecole de Photographie du Bräuhaus.
Quand, en 1938, la machine de guerre nazie se prépare à envahir la Pologne et que le pogrom de la Nuit de Cristal lance le signal de l’acharnement contre la population juive, Bock- Schroeder tente de fuir en Hollande. Il est très vite arrêté et ramené en Allemagne. Lorsque la guerre éclate le 1er septembre 1939, Bock-Schroeder est enrôlé dans la Luftwaffe. Durant la guerre, il sert dans l’artillerie aérienne et travaille en tant que correspondant pour l’Afrikacorps d’Erwin Rommel. En 1945, il est engagé dans le Service de la Presse Allemande. Il doit sa place à Sefton Delmer. En tant que photojournaliste d’agence, Bock-Schroeder voyage à travers les territoires occupés par l’Allemagne et les pays voisins de l’Europe. En 1949, Bock-Schroeder a alor s 36 ans et commence à travailler pour Stern Magazine en tant quephotojournaliste. Il répond aussi à des commandes pour Quick Magazine et Revue.
Peter Bock-Schroeder meurt le 19 février 2001 à Munich, à l’âge de 87 ans.
Steve Dougherty
“Going East”, La Russie de Peter Bock-Schroeder
Jusqu’au 2 juillet
Galerie RTR
1, avenue Trudaine
75009 Paris