Cela fait des semaines que je n’ai pas lancé une quelconque perfidie, tenu un propos aigri et en évidence étalé mon esprit jaloux de tout. C’est fini, je ne pouvais plus dormir. Ecoutant France Culture, j’ai redécouvert avec plaisir et bonheur Françoise Huguier et, à un certain moment le radioparleur de service fait le malin et il dit « le moment décisif » prononcé par Willy Ronis. Pas grave sauf que je trouve cela injurieux pour Willy Ronis. Et aussi et surtout le résultat du « World Press », m’a libéré. C’est pour avoir regardé avec une attention certaine pendant l’année passée, non pas toute la production photographique dédiée à la presse mais une bonne partie, que je m’ indigne. Mes yeux ont pleuré devant le résultat des délibérations de l’honorable Jury . Celui-ci étant constitué de professionnels de tous pays, on est en droit de penser, d’espérer au moins, que, chaque année, les critères de choix soient différents et que la vision des photographies primés, nous étonne. Mais non, une fois de plus, la rhétorique esthético, historico, moraliso, bien pensante, sans audace s’est exprimée avec merveille. Non pas que le cliché de Paul Hansen soit indigne, loin de là mais… à lire le commentaire d’un juré ( lire avec la photo dans la revue, Times du 16-02). Tous les professionnels de photographie chantent les mêmes refrains. Manifestement ces gens n’ont pas le même courage que les photographes (je sais qu’il y a des photographes dans le jury, ils n’échappent pas à l’ ambiance). Même rengaine, même photo, all over the world. Et tous les journaux se ressemblent. J’ai oublié, le toujours cauchemar des regardeurs attentifs, les tenants de la moralité photojournalistique, les Bayard de l’actualité numérisée, les obsédés du clair obscure, j’ai nommé, photoshop. Conclusion du conclave chez les bataves, photoshop, oui un peu mais pas de trop… Un peu de vrai ou beaucoup de faux, la photo comme preuve du vrai, de la réalité. Les experts ont parlé, « habemus World Press ». Décidément, ce sont les photographes et leur travail que j’aime, pas ceux qui en parlent. Que fais-je ?
Bonne semaine.
PS:
1) Comme photographe, je n’ai jamais concouru pour ce Prix.
2) Comme responsable de la photographie dedans quelques journaux, je n’ai jamais fait parti du jury de ce concours.
Vous avez tout compris….
Michel Philippot
