La Galerie Berinson à Berlin présente environ soixante tirages originaux des années soixante et soixante-dix d’Arno Fischer (1927-2011), réalisés pour le célèbre magazine féminin d’Allemagne de l’Est Sibylle.
Arno Fischer était l’un des photographes les plus importants d’Allemagne de l’Est et ses photographies ont accompagné la vie en RDA du début à la fin du pays. Dès les années cinquante, il a fait connaître ses photographies du Berlin divisé. En outre, il a travaillé à l’étranger comme photographe de voyage et ses séries de photos à New York, en Guinée équatoriale ou en Inde sont bien connues.
Après avoir étudié la sculpture, Fischer a été technicien dans un laboratoire photo et dès le milieu des années cinquante, maître de conférence avec le professeur Klaus Wittkugel à l’Art Academy Berlin-Weißensee. Plus tard, il a été conférencier à l’Académie des Arts Graphiques et des Arts du Livre de Leipzig, à l’Université des Sciences Appliquées de Dortmund et enfin à l’Ecole de photographie d’Ostkreuz à Berlin.
À la fin des années cinquante, Fischer, qui a été l’époux de la photographe Sibylle Bergemann, s’est mis à prendre des photos de mode quand des étudiants lui ont demandé de photographier leurs collections. En 1962, Fischer a intégré l’équipe éditoriale de Sibylle. Sibylle était le magazine de mode de vie le plus populaire et pratiquement le seul en Allemagne de l’Est à être consacré à la mode. Entre 1956 et 1995, il paraissait six fois par an à hauteur de 200 000 exemplaires, rapidement épuisés. Le magazine était une exception absolue en RDA, car malgré le régime autoritaire, les photographes de son équipe étaient libres de développer leurs activités artistiques.
Les photos de mode de Fischer ont défini le style de Sibylle et ont eu une influence essentielle sur le magazine. Elles ont un style documentaire et présentent la mode dans un environnement quotidien, comme les rues de Prenzlauer Berg ou la zone industrielle de Bitterfeld. Avec ce concept, Fischer a réuni le photojournalisme et la mode. Non seulement les lecteurs ont aimé l’atmosphère de ses photos, mais ils s’en sont inspirés. Les modèles, pour la plupart des étudiantes, ont été photographiées dans des situations de tous les jours, en plein mouvement. Arno Fischer voulait s’éloigner d’un style proche de l’illustration. A propos de la pertinence de Sibylle par rapport à la culture quotidienne en RDA: « Nous avons souvent vendu des rêves, probablement parce que nous avons nous-même rêvé. »
Arno Fischer: « Vendre des rêves » – Photographie de mode pour Sibylle
16 mars 2018 au 13 juillet 2018
Galerie Berinson
Schlüterstraße 28
10629 Berlin
Allemagne