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La Nomination de Jean-Pierre Laffont au Grade de Chevalier de la Légion d’Honneur 2023

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Nous avons appris la nomination de Jean-Pierre Laffont au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur 2023, il nous a envoyé ce texte :

C’est avec une forte émotion que j’ai appris le 13 juillet 2023 ma nomination au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur dans la catégorie de l’Europe et des Affaires Étrangères pour mes 57 ans au service du photojournalisme. La nouvelle m’a été annoncée par mon ami Julien Alamo de Picto qui m’appelait de Perpignan (ville de Visa pour l’Image et centre mondial du photojournalisme) pour me féliciter… « De quoi ? » a demandé Eliane… « Parce qu’il a été nommé Chevalier de la Légion d’Honneur » …

Ma première pensée a été pour mon grand-père Amedée Laffont qui était Grande Croix de la Légion d’Honneur qu’il avait reçu pour l’ensemble de sa carrière de professeur de médecine et doyen de la faculté d’Alger et fondateur de l’encyclopédie médicale, et qui a été ravi quand je lui ai dit que je voulais être photographe (pas évident dans une famille composée uniquement de médecins), et il m’a même encouragé avec ces mots : “Tu vas être le premier de la famille à voir le monde.” Je pense qu’il serait fier de moi aujourd’hui.

Comment devient-on photojournaliste ? Je suis allée à l’école des Arts et Métiers de Vevey pendant 3 ans et j’y ai tout appris : le design, la technique, la composition, la précision, le travail en laboratoire et la retouche, les éclairages, la lumière… Puis je suis allé à Paris où je deviens l’assistant de Sam Levin, grand photographe des stars de l’époque. Et c’est ainsi que j’ai été pendant quelque temps le photographe d’Ava Gardner, mais ce que je voulais vraiment faire, c’était être photojournaliste et courir le monde. C’est en 1964 que je suis parti aux Etats-Unis qui me fascinaient et où je vis toujours 60 ans plus tard.

J’y ai couvert les grands événements américains des années 60, 70, 80, 90 : la guerre du Vietnam, Watergate, le départ de Nixon, la libération des femmes et des gays, et des droits civiques… On me dit souvent que je suis le seul photographe français qui aura passé une grande partie de sa vie à couvrir les évènements importants qui ont transformé les États Unis. Et c’est également de New York que je partais photographier le reste du monde et ses conflits : les émeutes au Pakistan, le Vietnam et les bombes de Guam, l’Independence du Mozambique et de l’Angola, les inondations du Bangladesh, le tremblement de terre du Nicaragua, l’Inde où je suis resté deux ans suivant Indira Ghandi, Cuba et ses usines de cigares, l’éveil de la Chine, la Pologne Soviétique, l’URRS, le Liban et les enfants Palestiniens, la complexité de la ville de Jérusalem… Je me sentais de plus en plus engagé dans mes histoires et pouvais passer des mois à couvrir, sans commande, des grands sujets humanitaires comme les enfants esclaves à travers le monde, la pauvreté des fermiers américains et leurs injustices sociales, les découvertes et progrès scientifiques comme le cancer des enfants à l’hôpital Saint-Jude de Memphis, les nouvelles chirurgies des grands brulés en Californie, les recherches sur la psychologie animale…

Je photographierais aussi les grands de ce monde : Muhammad Ali, Robert Kennedy, Martin Luther King et quelques présidents pendant mes 8 ans à la Maison Blanche, Mother Theresa, André Malraux, Marguerite Yourcenar, Brigitte Bardot, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud, Sylvie Vartan, Sheila, et Françoise Hardy.

Lorsque je regarde mon travail, je me rends compte de la chance incroyable que j’ai eu de pouvoir réaliser mes rêves de jeune photographe… de la chance, bien sûr, mais aussi une histoire commune avec Hubert Henrotte, Monique Kouznetzoff, Eliane Laffont, avec qui nous avons fondé les deux plus grandes agences de photo, Gamma et Sygma, qui ont fait rayonner aux Etats-Unis, mais aussi dans le reste du monde le savoir-faire du photojournalisme à la française.

Enfin, je veux remercier Eliane, ma femme, mon amie, ma complice, mon éditeur, et la meilleure éditrice-photo que je connaisse. C’est ensemble, et avec son enthousiasme permanent, que nous avons traversé ces 57 ans de photojournalisme. Sans elle, je ne serais pas là aujourd’hui recevant cette récompense qui m’honore. Cette médaille est à elle autant qu’a moi.

Jean-Pierre Laffont

Fait a New York le 16 juillet 2023

 

 

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