Un email aujourd’hui 19 septembre de Françoise Kirkland, juste après le réveil: « Pete Turner est mort ce matin ». Dans les années 1970, il y avait trois maîtres de la photographie en couleur américaine : Art Kane, Jay Maisel et Pete Turner. Il ne se passait pas trois mois à la revue PHOTO, où je venais d’entrer, où l’un des trois n’était pas publié. Souvenirs, tristesse, nostalgie … Un peu plus tard aujourd’hui, Françoise Kirkland a envoyé ce très beau portrait réalisé par son mari, le photographe Douglas Kirkland, et quelques lignes d’un autre photographe, Eric Meola, l’un des enfants doués de ces personnages mythiques !
L’hommage d’Eric Meola à Pete Turner:
Certains se souviennent quand ils sont tombés amoureux. Je me souviens quand je suis tombé amoureux d’une photo. J’ai travaillé plus dur pour Pete Turner que je n’ai jamais travaillé pour moi-même. C’était simple, il n’y avait aucun doute. Il y avait un groupe d’entre nous à la fin des années 1960, 70 et 80 qui ont été bénis de l’avoir comme enseignant et mentor, et comme ami.
« Ne dites jamais que vous travaillez pour moi! » Ces mots retentirent dans mes oreilles. « Si quelqu’un vous demande, dites-leur que vous travaillez avec moi! » Il y avait toujours ce pied d’égalité, et cela lui a valu une loyauté féroce, et a bien contribué à amorcer des carrières et des vies de rêve.
La pilule passe mal aujourd’hui en pensant à cela. Je me souviens d’avoir marché dans le bureau de John Durniak à TIME, et Pete m’a présenté. Un an plus tard, j’ai eu ma première couverture de magazine, et je me rendais en Haïti pour mener un reportage.
J’ai regardé Neil Armstrong avec Pete et Reine dans leur maison sur Fire Island, alors qu’il s’avançait sur la lune.
J’ai gardé son fils, Alex.
J’ai vécu avec lui le meilleur moment de ma vie.
Pete était une personne originale, différente et unique, comme je n’en ai jamais rencontrée d’autres. J’ai rencontré quelques-uns de mes meilleurs amis à son studio, et y travailler a permis de me faire connaitre. Plus important encore, cela m’a donné un sens du but, une éthique du travail et une amitié qui m’a aidée toute ma vie.
L’hommage de Douglas Kirkland à Pete Turner :
Pete Turner était mon « copain » comme il aimait m’appeler!
Même si nous étions du même âge, il était une inspiration constante et mon héros.
Son œil sans compromis et son sens rigoureux de la composition et de la couleur m’ont émerveillé dès le début et continuent encore à le faire. Les « Pete Turner Look », « Pete Turner Blue », « Pete Turner Red » faisaient partie de notre quotidien.
Lui et sa femme Reine, et Françoise ma femme, et moi étions si jeunes ensembles. Quelles aventures et jeux nous avons partagé. Nous sommes restés les amis les plus proches durant plus de cinq décennies.
Nous sommes tristes et désorientés.