Il y a presque 10 ans, en 2007, pour fêter sa 25e année en photographie, Howard Greenberg publiait An American Gallery. Il y montrait 25 photos de sa collection. Howard est un formidable galeriste et un très beau personnage ! Ce livre est une merveille et les commentaires d’Howard qui accompagnent les images révèlent sa passion pour la photographie. Tous les 15 jours et pendant un an, nous allons feuilletonner l’ouvrage !
Il s’agit aujourd’hui de Devotion (c.1865), signée Julia Margaret Cameron.
« J’ai toujours eu envie d’acquérir pour ma collection une belle photo de Julia Margaret Cameron. Pourtant, je ne trouvais jamais la bonne au bon moment, celle qui me parlerait vraiment. Difficile de ne pas admirer l’œuvre de Cameron, un talent unique parmi les photographes du dix-neuvième siècle, notamment dans sa façon de décrire ses relations personnelles. Son œuvre évoque une époque et un lieu qui me sont étrangers, m’ouvrant la porte de l’étrange monde victorien des classes privilégiées.
Si j’hésitais à acquérir l’une de ses photos, c’était aussi parce que tous ses tirages ne sont pas égaux. Certains sont de mauvaise qualité, décolorés. Beaucoup de ses négatifs étaient en si mauvais état qu’ils ont donné des tirages défectueux. Et je n’avais pas envie d’un portrait de vieil homme à barbe. Je voulais l’un de ses portraits de femmes.
Un jour, dans la galerie d’un collègue, je suis tombée sur cette photo, qui m’a plu tout de suite. Elle était magnifique, avec des tons riches. Le rendu passait mon test de qualité, et puis… elle me parlait. Qu’est-ce qui a fait la différence à cet instant précis ? J’avais alors de jeunes enfants. C’était parfait, j’avais fini par trouver une photo de Cameron à laquelle je pouvais me rattacher personnellement.
Le bébé est l’élément principal. La mère apparaît en transparence. C’est une figure protectrice, une âme qui plane comme un ange veillant sur le sommeil de l’enfant. C’est une photo très douce, mystérieuse, irréaliste juste comme il faut, dans la mesure où, comme on le sait, Cameron était en quête d’une spiritualisation de ses photos. On ressent une présence sentimentale, en accord avec mes émotions de l’époque.
Les enfants sont un formidable moteur dans de nombreux domaines, y compris lorsqu’on est collectionneur. A une certaine époque, je cherchais beaucoup de photos à accrocher sur le mur de leurs chambres. Je me disais qu’ils en tireraient quelque chose, mais ils étaient trop jeunes et ne réagissaient pas comme je l’aurais voulu. Était-ce une idée idiote ? Peut-être. Mais là encore, pourquoi pas ? »
– Howard Greenberg
INFORMATIONS
An American Gallery, Howard Greenberg
25 ans de Photographie
Avec un portfolio de photographies sélectionné et annoté par Howard Greenberg
Howard Greenberg, Michael Torosian, Lyle Rexer
Publié par Lumiere Press (2007)
ISBN 13: 9780921542155
http://www.howardgreenberg.com