Stéphane Charpentier est un photographe français basé actuellement à Athènes. Ses photos sont prises à l’argentique et toujours très chargées en émotions. Les projets photographiques de Stéphane Charpentier s’inscrivent sur le long terme, lui donnant alors du fil à retordre lorsqu’il s’agit de sélectionner les images pour composer ses séries.
Quand et comment la photographie est-elle entrée dans votre vie ?
Après avoir travaillé dans une maison de disque à Paris, je suis parti à Madrid en 2003 pour suivre des cours dans une école de photographie. Je me suis concentré sur une recherche personnelle basée sur une sorte de journal pictural. Ce n’était ni une pratique documentaire, conceptuelle ou commerciale, mais plutôt un moyen d’investigation, d’expérimentation, afin de développer un regard personnel, de traduire en images ma sensibilité et mon propre rapport au monde.
Vos photographies sont dotées d’une forte charge émotionnelle, est-ce le fruit d’un processus créatif rigoureux ou d’une démarche plutôt instinctive ?
Je cherche à capter des images qui évoquent la dualité humaine, sa lumière et son ombre. Ce sens mystérieux des images se perçoit justement d’une façon émotionnelle. Je travaille en argentique noir et blanc, et réalise moi-même les tirages en chambre noire. Si la prise de vue est toujours instinctive, le processus de création est extrêmement long et exigeant.
Depuis quand habitez-vous à Athènes ? Votre ville vous inspire-t-elle ?
Je suis arrivé à Athènes début 2012 avec le musicien Frédéric D. Oberland, afin de travailler sur l’initiation de Oiseaux-Tempête, un projet alliant son et images. Pendant plusieurs années, je passais la moitié du temps en Grèce, avant de m’installer complètement ici. C’est un pays qui a été dévasté par une crise toujours profonde, et qui doit trouver une voie de renaissance. En tant qu’artiste, je voulais travailler au cœur de ces nouveaux enjeux et questions. Nous sommes aussi au croisement de multiples cultures passionnantes, et entourés d’une nature majestueuse.
Parlez-nous de votre série The Eclipse ?
J’envisage mon travail comme une série sans fin, mais je regroupe mes images dans des sections, comme The Eclipse qui comporte simplement des images réalisées en Grèce. L’idée est de faire ressentir un obscurcissement. C’est un ensemble de visions symboliques avec souvent des personnages ordinaires pris au piège sous la pression actuelle.
Quelle est l’image dont vous êtes le plus fier ?
Je ne peux pas réellement choisir ma photographie préférée. Je pense que les grandes œuvres sont celles dont on ne se lasse pas, qui conservent toujours un émerveillement, un questionnement ou un mystère quand on les contemple.
Joséphine Faisant
Joséphine Faisant est une auteure spécialisée en photographie. Elle vit et travaille à Athènes, où elle déniche les talents locaux.
