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La Chronique Livre : Ana Cuba : Lloret

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Après un hiver des plus maussades, le soleil est enfin arrivé. Et avec lui le premier livre d’Ana Cuba, Lloret. La photographe espagnole a passé plusieurs jours — et autant de nuits blanches — en immersion dans la ville balnéaire de Lloret de Mar sur la Costa Brava, célèbre pour ses fêtes en continu qui attirent des jeunes des quatre coins de l’Europe. Elle en tire un ouvrage aussi électrique que poétique.

À Lloret, ville de tous les rêves et tous les désirs, les basses couvrent le son des vagues et le parfum du monoï se mêle aux effluves d’alcool. Jamais Ana Cuba n’aurait pensé la visiter un jour. Pourtant, lorsque l’occasion s’est présentée d’aller à la rencontre de cette jeunesse prête à sortir de sa chrysalide pour un été au goût de rite de passage, elle n’a pas hésité. Elle pose sur la ville un regard d’outsider et toute sa sensibilité de photographe. Le livre offre un contraste étonnant entre ce côté criard de Lloret et la douceur du traitement des images, permise pas la pellicule.

Lloret est construit autour d’une temporalité de 24h, d’un petit matin à l’autre. Ana Cuba était particulièrement attirée par ce moment de la tombée du jour, ou de la nuit, où le soleil se confond avec la mer pour envelopper les corps de sa lumière chaude. L’aube est aussi propice à bien des rencontres : des silhouettes éméchées errant sur la plage, des groupes d’adolescents plongeant dans la mer pour un bain de minuit retardé, des couples enlacés, tout juste nés…

Lloret de Mar est un haut lieu touristique depuis les années 1970. C’est là que serait né le mythe du « Latin Lover ». En témoigne le cliché d’un jeune Apollon gonflant ses biceps au milieu d’une soirée mousse. Pour Ana Cuba, cette image, sa favorite, incarne toute l’hyper-masculinité qui se joue à Lloret. La féminité est elle aussi performée à l’excès. Mais derrière ces visages surmaquillés et ces corps enserrés dans des morceaux de tissus réduits au minimum, on lit encore la pureté et parfois la gaucherie des joies de l’enfance, que ces adolescents ont quittée il y a peu.

Lloret est un voyage dans le temps des plus jouissifs, qui nous ramène à notre propre adolescence et cette énergie survoltée, cet appétit estival pour la danse, le rire et les rencontres, ce goût de vivre qui ne dépasse pas l’instant, l’ignorance des lendemains. Enfin l’été est arrivé.

 

Lloret — Ana Cuba

Publié par Zufall
Avant-propos de Nacho Alegre
Playlist “My Spanish Lover” de Martine Syms
21cm x 30cm, 104 pages
Première édition publiée in 2024
Édition limitée de 120 exemplaire
Distribution: Tender Books (Londres), Village (Leeds/Manchester), Terranova (Barcelone) Do you
Read me (Berlin), Yvon Lambert (Paris)

 

Disponible en librairie et en ligne

 

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