Les Chroniques Instagram de Jean-Marie Périer sont des pures merveilles.
Tous les 15 jours, dorénavant, nous en publierons une.
Voici la première :
Count Basie, Mezz Mezzrow et Earl Hines dans les années 50.
Ils étaient là sans doute pour les soirées de jazz que Frank Ténot et Daniel Filipacchi organisaient à l’Olympia. Avec mon Leica autour du cou je photographiais ces grands musiciens qui me laissaient les suivre pour « Jazz Magazine » et moi je trouvais ça normal.
Elle était quand même drôlement bien ma vie de jeune homme. Pas de nostalgie, que des envies d’avenir sans aucune stratégie.
Il serait mesquin de ma part de vous cacher plus avant que je ne suis pas emballé par notre époque. Et si par un sortilège bienvenu un quelconque chaman me proposait de revenir dans les années 50, je ne vais pas vous raconter de salades je me jetterais sur n’importe quel tapis volant pour retourner ce jour-là au bar du Lutetia avec ces trois joyeux génies, afin de descendre une demi-heure plus tard le petit escalier à la chaleur humide et enfumée de la cave du club Saint-Germain. Là je siroterais au bar un coca-cola tiède ( Je n’ai jamais bu un verre d’alcool ni fumé une cigarette avant l’âge de 27 ans) tout en regardant des filles moulées dans des pulls noirs danser le be-bop avec Jean-Pierre Cassel et « Moustache », pendant que dans un coin Barney Wilen caresserait son saxo en attendant son tour, sans quitter des yeux les mains agiles de René Urtreger au piano et Pierre Michelot le dos voûté sur sa contrebasse, tout en écoutant poliment les interminables élucubrations de Marcel Romano.
Mais hélas ainsi que le chantait Shirley Horn : « There is no yes in yesterday »
Jean-Marie Périer