Le Miz Du couvre la déchéance annoncée, tous les morts se ressemblent, ils portent la peau grise, translucide, les ongles et les cheveux poussent encore légèrement, les liquides s’enfuient, la raideur s’impose.
Les objets inanimés de Michel Monteaux n’ont pas besoin de thanatopracteur pour retrouver leurs couleurs. L’âme à l’odeur esthétisante est piégée dans le regard du photographe. Choses méprisées des produits de l’industrie humaine, leurs vies silencieuses et minuscules renforcent l’allusion spirituelle d’une émotion poétique.
Pas de possibilité d’amour face aux objets inanimés, juste un regard en biais, une découverte par surprise. Posture élégante de la trace que l’homme et la nature laissent en défiant le temps à l’oeuvre de la disparition.
Les invisibles communs réapparaissent au monde sensible de la photographie. Nous avons rencontré cette feuille, ce plastique, cet insecte écrasé, cette aile d’oiseaux que le pélerin a laissé de son déjeuner, chuté dedans peut-être, nettoyés avec empressement. Ne plus voir ce qui dérange, ce qui grouille dans nos poubelles, les incinérer sans relâche, les écarter à chaque instant pour garder notre environnement aseptisé.
Dans la présentation de ces natures mortes, le photographe nous invite à une autre découverte de ce qui nous définit en creux.
« Mais à quoi pensais-je avant de me perdre à regarder » Fernando Pessoa
Martine Chapin, Novembre 2022
Michel Monteaux : Matter Matters
Jusqu’au 7 janvier 2023
La Chambre Claire de Douarnenez
6 rue Voltaire
29100 Douarnenez
www.lachambreclairegalerie.fr