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L’imagerie dramatique de Jessica Lange par Ieva Bluma

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Jessica Lange est une véritable légende d’Hollywood et l’une des plus grandes actrices de notre temps. Elle a gagné deux Oscars, trois Emmys, cinq Golden Globes et de multiples autres récompenses. Beaucoup de gens ne savent sans doute pas qu’elle est également une photographe talentueuse, gagnante du prestigieux prix Lucie en 2012. J’ai parlé avec l’artiste à Barcelone, peu avant le début de son exposition « Unseen » et la présentation du livre de photographies éponyme l’accompagnant, Unseen.

Que sont ces photos ?, demandais-je
Oh, des choses que je vois, répondit-elle.

« Je trouve que la photographie est le plus mystérieux des processus – capturer ce moment dans le temps et dans l’espace, insaisissable et fugitif, et le cristalliser. » – Jessica Lange

Nous avons toujours admiré Jessica Lange en tant qu’actrice. Nous la connaissons grâce à ses rôles mémorables dans King Kong, Le Facteur Sonne Toujours Deux Fois, Tootsie, Francs, Blue Sky, Grey Gardens et des dizaines d’autres films. Plus récemment, elle a été connue pour son incarnation très réussie de quatre puissants personnages différents au cours de quatre saisons de la série TV American Horror Story. Il est donc intéressant de découvrir que Jessica Lange est également une photographe très talentueuse.

Lange a un œil photographique fascinant et aiguisé, avec une réelle capacité à capturer la vie et la transformer en mystère artistique. Son sens de la composition et du cadrage sont très forts, présents, équilibrés et détaillés, et cependant ses images offrent l’espace et la liberté qui lui permettent d’exprimer fragilité, vulnérabilité et solitude. Les photographies créent des mystères poétiques qui se connectent aux émotions des gens et résonnent. Cela rend les images réalistes de Jessica Lange presque abstraites et son travail fait beaucoup pour activer l’imagination humaine.

J’ai été ravi de visiter l’exposition de Mme Lange à Barcelone, « Unseen, » et de la rencontrer pour une interview à propos de son art. Etant peintre et photographe moi-même, j’ai trouvé que cela était une opportunité unique de s’engager dans une conversation créative avec la talentueuse Jessica Lange.

Ieva Bluma : Vos images sont très artistique et bien composées, et l’utilisation de la lumière et des ombres est incroyable. Il se passe tant de choses dans vos photographies et j’ai l’impression que c’est pareil quand vous interprétez un rôle. Il y a tant d’émotions et de couches dans votre jeu, même lorsque vous êtes immobile et que vous ne parlez pas. Je pense que c’est la même chose avec vos photographies – même s’il y a un espace nu dans l’image, elle est toujours remplie de mystère. Est-ce que vous créez vos images instinctivement ou est-ce que vous planifiez les détails en avance ?

Jessica Lange : Je photographie toujours dans la rue sans arranger quoi que ce soit. Je pense que le cadrage et la composition sont en partie une question de chance, mais il y aussi le bref moment où vous composez votre cadre et où vous mettez ce que vous voulez dedans, et cela est instinctif. Ce qui m’attire c’est l’espace négatif ou le centre. C’est une réaction très personnelle et émotionnelle à ce que je vois dans le moment. Je prends l’appareil photo et je ferme l’obturateur car il y a quelque chose dans l’environnement, quelque chose dans le geste d’une personne ou un moment de connexion entre des gens qui me touche d’un point de vue émotionnel. Cela vient de moments instinctifs et je pense que les choses qui m’intéressent en tant que photographe sont les mêmes que je trouve intéressantes en tant qu’actrice – observer, regarder et être présente pour ne rien rater.

I.B.  Vous avez évoqué auparavant la manière dont, en tant qu’actrice, vous êtes constamment observée et vous avez mentionné que la photographie est comme un antidote au fait de jouer, car cela vous permet de devenir l’observateur. Vos images sont très cinématographiques, avec une insistance sur la lumière et les ombres.

J.L.: C’est cinématographique et je pense que parce que j’ai passé des décennies devant des caméras à regarder de grands réalisateurs travailler et comprendre le pouvoir de la lumière et des ombres et comment elles créent le drame du moment, grâce à cette formation subliminale que j’ai reçue en 40 ans de carrière d’actrice, c’est ce que je recherche dans ma pratique de la photographie.

I.B.: Y a-t-il un réalisateur avec lequel vous avez particulièrement aimé travailler ?

J.L.: Il y en a tant, mais j’ai particulièrement aimé travailler avec Sven Nykvist qui, à mon avis est l’un des meilleurs directeurs de la photographie (Note : Nykvist a travaillé avec Lange et Jack Nicholson sur « Le Facteur Sonne Toujours Deux Fois » en 1981 et a aussi travaillé avec Ingmar Bergman pendant des années).

I.B.: Je vois de nombreuses similarités entre vos rôles en tant qu’actrice et ce que vous faites en tant que photographe. Il y a tant d’intensité émotionnelle et de drame mais aussi de la vulnérabilité et de la fragilité dans vos photos. Quelle sont vos pensées à ce sujet ?

J.L.: Pour moi, ce qui est bien à propos de la photographie c’est qu’elle complète beaucoup le fait d’être actrice. Vous ne pouvez faire du bon travail que si vous êtes présent dans le moment et si vous en êtes vraiment conscient. C’est pareil quand on est actrice. Si votre esprit est ailleurs, vous ne pouvez pas faire du bon boulot. Je pense que c’est pareil avec la photographie. Cela doit être absolument immédiat et dans le présent. Je tire mes photos avec la ligne de négatif, je ne recadre jamais rien ; c’est exactement ce que c’était à ce moment précis.

Lire l’intégralité de l’article dans la version anglaise de L’Oeil.

Ieva Bluma est une peintre, photographe et écrivain freelance, basée à Copenhague.
www.ievabluma.net

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