Huit ans après la sortie du second volume du Livre de Photographies, le dernier opus de cette trilogie encyclopédique qui ne devait a priori jamais voir le jour, vient de paraître aux éditions Phaidon et fait office d’état des lieux. Le bilan se montre plutôt positif aux vues de l’intérêt croissant porté au livre photo au moment où il voit déjà apparaître les prémices de son « déclin », tout du moins, sous sa forme traditionnelle. Dans la préface qu’il signe, Martin Parr réaffirme sa position de « missionnaire faisant l’éloge du livre de photographies face à un public sceptique » et reprend une à une les avancées que connaît le secteur, notamment via l’autopublication.
De l’importance de ces ouvrages aux côtés des tirages dans les expositions, comme des foires spécialisées (Cassel, Allemagne, etc.), le photographe en profite pour souligner l’étonnant paradoxe entre la prolifération des images due à internet et sa foule d’applications, et le fait que le livre ne s’est jamais aussi bien porté. Selon lui, les photographes ont trouvé une alternative au travers de l’autoédition et la création de maisons d’éditions indépendantes. Le dessein de ce volume vise justement à mettre en avant l’innombrable quantité de ces « petites publication dynamiques » écrit-il, que lui et son co-auteur, Gerry Badger, ont essaimé ça et là sur l’ensemble de l’ouvrage. Reste qu’il s’agit toujours d’une vision subjective qui, au gré des découvertes et malgré l’ignorance dans laquelle certains se sont parfois longtemps trouvés, participe tout autant de l’histoire du médium et de son ascension. Une façon de rendre justice à un phénomène qui est en passe de se péréniser.
L’objectif déguisé de cet ouvrage : revisiter l’histoire du livre photo tout en rendant justice aux photographes dont l’objet livre constitue l’une des composantes essentielles de leur travail. Une légère revanche sur « les historiens et universitaires », précise-t-il, qui ont souvent eu tendance à expliquer aux auteurs leur démarche. L’occasion aussi d’y ajouter des œuvres qu’il n’avait pas été possible d’intégrer dans les deux précédents volets, faute de place, de chronologie ou encore de régions faiblement représentées. En somme, réaffirmer et surtout « redynamiser » le rôle du livre de photographies dans l’histoire du médium.
Tout comme pour les deux précédents ouvrages, le livre se décline selon des thématiques précises, à ceci près, qu’il délaisse davantage la stricte chronologie au profit d’un chapitrage plus en phase avec les nouvelles intentions de l’image. Il sera question de colère et de protestation, de conflit et de propagande mais aussi de désir, de lieux ou de regard vers soi. Le souvenir, comme l’histoire des représentations y trouvent également leur place. La vie moderne, qui thématise l’ouvrage dans son ensemble, met l’accent sur les facteurs qui ont engendré le livre contemporain, ainsi que sur ses orientations progressives vers la « personnalisation » du médium. De nombreuses publications sélectionnées ici ont recours à la fiction et couvrent une période allant de la Seconde Guerre Mondiale à nos jours. Prolongeant ainsi le dernier chapitre du volume II, cette ultime édition constitue le volet « social » et fini d’achever la réputation de cette bible devenue, selon les experts, la référence majeure en la matière.
Le Livre de Photographies : une histoire – Volume III
Editions Phaidon
Textes de Martin Parr et Gerry Badger
Parution le 22 Mars 2014
325 x 290 mm
320 pages
900 photographies couleur et noir et blanc
Relié
ISBN : 9780714867755
79, 95 euros
http://fr.phaidon.com/index.cfm
http://www.martinparr.com
http://www.magnumphotos.com/martinparr