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L’Ecole de Vevey – Anne Golaz

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A l’image du peintre Albert Anker (1831-1910), Anne Golaz ne se destinait pas à une carrière artistique. Mais contrairement à lui qui avait commencé des études de théologie avant de fréquenter l’Ecole Impériale des Beaux-Arts de Paris, Anne Golaz n’a pas souhaité intégrer une école de photographie française. Sensible à son approche du monde paysan suisse, la jeune photographe de 28 ans s’est inspirée du travail du peintre pour sa série « Scènes rurales ».

Un signe des temps ? Plutôt que l’Ecole Nationale d’Arles elle choisit l’Ecole d’Arts appliqués de Vevey, en Suisse, puis l’Université Aalto d’Art et Design à Helsinki où elle suit actuellement les cours du Master’s Degree Programme in Photography du département Media. « En partant de la Suisse j’avais envie d’ouvrir d’autres horizons. Je n’avais aucunement envie d’aller étudier en France ; je désirais sortir de cette tradition très française de l’histoire de la photographie même si celle-ci est forte et a de la valeur ». « En Suisse, j’avais le sentiment d’être coincée entre une forte culture photographique française et allemande. En Finlande, je suis à la frontière de l’Europe et du monde ».

A ce jour, Anne Golaz est lauréate 2011 de la mention Lumière-Broncolor du 8e Grand Prix International de photographie du festival Images de Vevey et du premier prix du Lumi Photographic Art Awards. Elle avoue d’emblée être arrivée à la photographie « par hasard », sans « antécédent particulier », plus poussée par l’exploration de son univers familial qu’autre chose. La représentation du monde rural et la figure du paysan sont centrales dans sa démarche, « J’ai une écriture assez documentaire. La relation avec le sujet est pour moi fondamentale ».

« Scènes rurales », « Objets de tous les jours », « Rural » et « La cabane » sont ses premières séries, réalisées pour la plupart lors des deux dernières années de formation à Vevey. « Scènes rurales est ma première série signifiante, elle est liée à un workshop sur le portrait et la mise en lumière du sujet. La première image à venir a été La vielle dame aux pommes. Elle a été réalisée proche de chez moi. J’avais envie de parler de cette exploitation sur le point de disparaître; des motivations personnelles m’ont portées. Pour le reste, c’est des amis, mon frère ou des personnes proches ». Anne Golaz travaille en argentique, elle a eu la chance de pouvoir tester à l’école d’arts appliqués de Vevey une gamme complète d’appareils photo. « Grâce à cela, j’ai pu me trouver. Aujourd’hui je suis restée fidèle à Mamiya, j’ai un 7II avec un 80mm et un 65mm, ainsi que de précieux flashs de studio. » A l’école, Anne Golaz a pu s’affranchir de la technique : « C’est la lumière qui fait mon cadrage. C’est mon outil de création de fiction et de dramatisation. Bien sûr cela dépend des projets mais en général, je cadre et compose pour un tiers en lumière du jour et pour deux tiers en lumière artificielle ».

Dans la série présentée ainsi que sur son site personnel, on découvre un ensemble de petites histoires de fermes dans lesquelles les portraits et les natures mortes se succèdent. L’univers peut paraître dur, il ne s’agit pas d’un regard sur un monde idyllique, et l’économie de subsistance transpire. Chez Anne Golaz, on s’aime et on s’entraide. L’originalité de son travail tient dans le regard sincère qu’elle porte sur des bonheurs simples d’une communauté qui a du mal à perdurer.

C’est apparemment ce qu’elle a aussi apprécié à l’Ecole d’Arts Appliqués de Vevey, « J’ai de la gratitude pour cette école ». L’implication des enseignants est la chose qui m’a le plus marquée. « A Helsinki, je suis un pur produit « Vevey ». J’applique les fondamentaux appris entre 2004 et 2008. Les professeurs ont une forte volonté de transmettre, ils ont bien les pieds sur terre. Les gens sont disponibles, il faut juste aller se “servir” .» La ferme de son père a été le point de départ de ses explorations. « Puis avec les workshops je suis restée dans ce contexte. Leurs rythmes sont soutenus, cela nous maintient dans la production ». La pédagogie de l’école est très axée sur la technique, « c’était bien car je n’avais aucune base ». Autre chose qu’elle apprécie fortement, les mandats que l’école lui demande de réaliser. « Pouvoir tester une commande dans le contexte de l’école est très privilégié. Nous sommes bien accompagnés, il y a peu d’erreurs possibles ».

“Au final, j’ai fait mon parcours en quatre ans et cela m’a plutôt bien réussi. Aujourd’hui, j’ai trouvé ma place, ailleurs, et grâce à ce tremplin comme point de départ.”

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