En tant que profession, le photojournalisme traverse une période de transition et reste pour la plupart un choix de carrière peu orthodoxe. Ce n‘est certainement pas un mode de vie stable. Depuis toujours, c’est une carrière concurrentielle, difficile et dangereuse; jamais elle n’a été plus périlleuse et elle est trop souvent mortelle. Et jamais elle ne reviendra à ce qu’elle était. Mais à certains égards, cette situation est rafraîchissante et présente de nouvelles occasions de développer le médium sur le plan artistique et de lui trouver une place plus pertinente et plus dynamique dans le vaste paysage médiatique de l’ère numérique.
Il est temps d’utiliser dans notre travail les nouvelles plates-formes de distribution et l’évolution effrénée des formes de diffusion , et ce de façon plus autonome aujourd’hui que jamais auparavant. Il nous faut adopter un mode de pensée plus souple et plus ouvert dans notre méthode narrative multi-dimensionnelle, tout en continuant de produire des livres et des expositions dans les musées et galeries, tous ces aspects étant reliés dans leur conception et leur forme par une communauté de notre style d’auteur. Pour certains praticiens comme moi, le photojournalisme peut aussi être une force puissante permettant de sensibiliser le consciences et d’effectuer des changements. Durant le cinq dernières années, la croissance des activités des groupes de pression a été phénoménale, avec pour conséquences de nouvelles possibilités de gagner sa vie tout en ayant un véritable impact.
En fin de compte, en tant que photojournaliste documentaire, je veux que mon travail et celui de mes collègues soient partie intégrale de notre réflexion dans les domaines de la géopolitique, et des questions sociales, et soient profondément et sérieusement engagés dans le monde. Ce travail peut concerner des sujets extérieurs à votre vie ou l’endroit même où vous vivez, ou même créer des histoires à partir de votre propre lieu de vie. Notre médium peut et doit être un outil de narration d’histoires pertinentes et universelles sur la condition humaine, qu’elle soit proche ou lointaine.
Aujourd’hui des photojournalistes et des photographes documentaires travaillent dans le monde entier à un niveau de qualité et dans un déploiement géographique jamais vus: à bien des égards c’est vraiment l’âge d’or du photojournalisme dans le monde entier. Certains d’entre vous doivent penser que je vis vraiment dans un monde de rêve. Loin de là.
Est-ce plus difficile que jamais financièrement? Absolument!
Est-ce plus difficile de percer dans la profession et d’y trouver sa place? Très certainement.
Est-ce que cela a jamais été facile? Jamais.
L’article est disponible dans son intégralité dans la version anglaise de L’Oeil de la Photographie.
Ed Kashi, Photographe
