Méconnue en Occident, la photographie albanaise constitue pourtant un des fonds photographiques les plus riches des Balkans et probablement un des plus importants d’Europe.
Son histoire commence avec un certain Pjetër Marubi, un garibaldien en fuite qui trouva refuge dans l’Empire Ottoman et, plus précisément, dans la ville de Shkodra. C’est en véritable pionnier qu’il y ouvre le premier studio de photographie d’Albanie en 1850.
Très vite, le succès de cette entreprise dépasse les frontières de la ville et c’est toute la société albanaise qui vient prendre la pose devant son objectif. Après sa mort, plusieurs générations de photographes vont se succéder et couvrir l’histoire et la vie quotidienne locale. Ces «aèdes de lumière», comme les nomme Ismaïl Kadaré, vont offrir à la photographie albanaise son âge d’or qui ne prendra fin qu’en 1944, date de l’instauration de la dictature d’Enver Hoxha. L’impressionnante galerie de portraits qu’ils laissent derrière eux oscille entre témoignage social et travail artistique. Les modèles posent inlassablement devant des décors peints pratiquement inchangés au fil des décennies dans des mises en scènes composées comme de véritables tableaux.
Exhumée après un demi-siècle de répression et d’isolement, cette œuvre ethnologique nous fait découvrir en toile de fond différents visages de l’histoire peu connue de l’Albanie, ceux d’une Albanie ottomane, indépendante mais aussi occupée par Mussolini.
Malgré les influences largement orientales et les quelques milliers de kilomètres qui séparent Shkodra de Frameries, la photographie albanaise du début du XXème siècle offre des similitudes pour le moins saisissantes avec celles du portraitiste borain, Norbert Ghisoland.
Une exposition proposée par Loïc Chauvin, concepteur du livre «Albanie, visage des
Balkans» et Christian Raby, professeur de philosophie et de photographie.
Jusqu’au 27 mars
Le Botanique, Centre culturel de la Communauté française Wallonie-Bruxelles
236, rue royale
1210 Bruxelles