Au cours de ma carrière, j’ai pu apercevoir de nombreux esprits novateurs. J’ai eu l’honneur de passer une semaine avec Stephen Hawking, atteint d’une maladie progressive et mortelle appelée SLA ou maladie de Lou Gehrig. Ce qui rend cet homme incroyable, c’est que, malgré sa paralysie complète, il a mené une vie incroyablement bien remplie. Il a voyagé à l’étranger, s’est interrogé sur l’univers et a profité d’une vie sociale chaleureuse avec sa femme et ses trois enfants. J’ai également eu le privilège de rencontrer Martin Luther King Jr. La vision de King, son rêve de liberté, m’ont inspiré à lancer le projet qui est devenu « Outside the Dream: Child Poverty in America » (Aperture, 1991), qui documentait les douze millions d’enfants vivant dans la pauvreté aux États-Unis. Ce fut mon premier livre publié.
Après « Outside the Dream », j’ai erré dans les bas-fonds de la pauvreté pendant trois décennies. J’ai rencontré de nombreux enfants au cours de mes voyages. J’ai vu des bébés qui avaient eux-mêmes des bébés. J’ai observé des jeunes dans les ghettos urbains, croisé des enfants sans-abri dormant dans les parcs et sur les plages, documenté des enfants des rues, des enfants travailleurs et des soldats vivant de leurs propres forces dans les rues d’Asie, d’Europe de l’Est et d’Amérique du Sud. Sur ces photos, on voit de nombreux exclus de la société, mais ces images ne sont pas seulement celles de victimes. Elles témoignent aussi de force intérieure et d’espoir. Dix ans après avoir traversé ce désert de négligence, j’ai rencontré des organisations et des communautés qui améliorent la vie des enfants et des familles, et j’ai alors commencé à documenter des « solutions ».
Stephen Shames
