Kehrer Verlag publie why am i sad (pourquoi suis-je triste) de Dana Stirling. Elle parle de son travail ainsi.
Ce projet plonge dans l’exploration profonde de la santé mentale et de la dépression à travers la photographie, et il revêt pour moi une profonde signification personnelle.
On estime que près de 280 millions de personnes dans le monde souffrent de dépression. Parmi ce nombre impressionnant, ce livre dévoile le récit personnel d’une seule d’entre elles : moi.
En tant qu’enfant d’immigrés, je me suis retrouvée à vivre dans une dualité qui me donnait souvent le sentiment d’être une étrangère dans les deux mondes. Why Am I Sad est une exploration personnelle à travers les ombres de la mélancolie, déployée dans des photographies de natures mortes éclatantes qui célèbrent et remettent en question la notion de beauté et de tristesse. J’invite à plonger dans ce récit, un récit tissé de fils d’héritage familial en matière de santé mentale, d’identité culturelle et de quête incessante de compréhension de soi.
Dans l’évolution continue de mon parcours artistique, je me retrouve engagée dans un profond processus d’auto-examen, de santé mentale et de tristesse – en utilisant l’appareil photo pour explorer l’essence de qui je suis et mon lien avec l’art de la photographie. Mes racines se situent dans une petite ville. Dans cet espace, j’étais aux prises avec un sentiment omniprésent de solitude qui transcendait à la fois les limites physiques et les limites émotionnelles de mon environnement. Même en compagnie des autres, je ressentais une profonde solitude qui résonnait à l’intérieur et au-delà des murs.
La maison, plutôt qu’un sanctuaire, était un endroit où pesait le poids du stress, de l’anxiété et d’une grande tristesse. La famille, au lieu d’offrir du réconfort, est devenue une source de troubles intérieurs. Non dit mais profondément ressenti, le combat de ma mère contre la dépression clinique a jeté une ombre sur moi. Je l’ai vue se perdre de plus en plus, devenir une personne que je comprenais de moins en moins .
Dans ma jeunesse, j’ai perçu sa tristesse comme une extension naturelle de ma propre tristesse, sans comprendre l’impact qu’elle aurait sur mon cheminement vers la compréhension et la confrontation de mes propres luttes contre la dépression en vieillissant.
La photographie est devenue ma bouée de sauvetage pendant ces moments d’isolement. Équipé de mon appareil photo, j’ai trouvé du réconfort dans la quiétude de ma chambre, capturant les récits silencieux d’objets du quotidien qui sont devenus les réceptacles du langage tacite de mon dialogue intérieur.
La photographie, par essence, est devenue mon code personnel, un moyen d’extérioriser les mots que je ne pouvais pas articuler verbalement. Dans le dialogue silencieux avec la nature morte, j’ai découvert une forme de communication qui transcendait les limites de l’interaction humaine. Les objets, dépourvus de jugement, racontaient des histoires inédites, devenant ma voix dans un monde où les mots étaient souvent insuffisants.
Même si je m’éloigne physiquement de la pièce qui résumait autrefois mes luttes, le poids de la tristesse reste un compagnon constant. La photographie, autrefois moyen d’évasion, s’est transformée en un fardeau, façonnant à la fois mon état émotionnel et l’esthétique de mes images. L’absence de photographie me déprime, tandis que le fait de capturer des images reflète le nuage de tristesse omniprésent qui plane au-dessus de moi.
« Pourquoi suis-je triste » se présente comme une exploration cruciale, un voyage dans la relation complexe entre moi et l’art de la photographie, vue à travers l’objectif de mon appareil photo. Il s’agit d’une question ouverte, posée non pas dans l’attente d’une réponse définitive, mais plutôt comme une lueur d’espoir – une invitation à redécouvrir le confort au sein même de ce médium qui a été à la fois un refuge et un défi.
Mon travail est une exploration de l’interaction entre les luttes personnelles et le pouvoir transformateur de l’expression artistique. À travers l’objectif, j’invite les spectateurs à se joindre à moi dans un questionnement, une réflexion et une quête commune pour trouver du réconfort et un sens au sein de la tapisserie complexe de l’existence.
Dana Stirling
Dana Stirling : why am i sad
Kehrer Verlag
Conception : Kehrer Design (Nicole Gehlen)
Brochure suisse sérigraphiée et gaufrée
20 × 24 cm
112 pages
60 illustrations en couleurs
Anglais
ISBN978-3-96900-159-2
https://www.kehrerverlag.com/en/dana-stirling-why-am-i-sad-978-3-96900-159-2?___from_store=de