Comme tous les vrais new-yorkais, Kate Simon est …anglaise. Grand témoin d’une époque épique ( les années 1970), elle fut l’ami des écrivains, des poètes , des artistes et des rock stars de l’underground, ces créateurs de l’ombre qui aspiraient à la lumière. Elle en garde des souvenirs photographiques extraordinaires et rares.
Dans le cadre de l’exposition Renoma « La Beat Generation… de Kerouac à James Dean », elle entrouvre un peu le coffre aux trésors, en présentant des photos souvent inédites d’un des maîtres de l’extrême, William Burroughs, dont les oeuvres furent éditées en France par Christian Bourgois, aventurier de la littérature et découvreur de talents.
En surchauffe poétique constante, Burroughs carburait aux drogues dures, jouant avec sa vie et celle des autres (il aimait passionnément les armes). Tailleur de mots au look de séminariste, décharné et inquiétant derrière ses éternelles lunettes, perdu sur les chemins de poudre blanche, il surjoue son personnage en posant pour la jolie Kate. Douze photos où il apparaît en tueur froid ou encore en pasteur satanique, attendant, son fusil sur les genoux. Une seule fidèle compagne, sa vieille machine à écrire posée sur le bureau qui semble elle aussi attendre : un face à face lourd et sombre, douloureux, que raconte une des plus belles photos de cette exposition.
Dans sa contribution à l’exposition, Kate Simon dévoile d’autres clichés où une jeune poétesse au regard fiévreux se place résolument dans le sillage de William B : Patti Smith, créature de l’underground New Yorkais comme son ami le photographe Robert Mapplethorpe. Car W. B., avec le poète Allen Ginsberg, et l’écrivain Jack « On the road » Kerouac sont alors les visages mythiques de la Beat Generation. Patti Smith est devenue une rock star, Robert Mapplethorpe, décédé, l’artiste Keith Haring disparu à son tour ; lui aussi pose au côté de W. B. Ceux-là ne sont qu‘une petite partie de la galerie de portraits que Kate Simon a constituée : une mémoire des avant-gardes du rock, de l’art new-yorkais des années 1970 /80, alors encore dans l’ombre.
En projet pour bientôt, un livre rétrospective de cette passionaria de la photo. De Michael Jackson à Damien Hirst, Paul Getty et Louise Bourgeois en passant par Bob Marley, Madonna, Iggy Pop, Dennis Hopper etc… Rien que du beau monde.
Paul Alessandrini
The Beat Generation : from Kerouac to James Dean
Jusqu’au 22 juin
Renoma Café Gallery
32 Avenue George V
75008 Paris