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Karin Crona –Zone de Silence

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Tout le monde la connaît, pourtant il est presque impossible de la définir. La douleur n’existe pas en tant que telle, mais uniquement dans la mesure où notre cerveau nous en donne conscience. C’est une expérience subjective et complexe – personne ne peut ressentir la même chose que nous. La douleur est aussi ce qui fait que nous survivons; un signal que quelque chose ne va pas, un avertissement qui nous pousse à chercher une solution. 

La douleur m’intéresse parce qu’elle peut tout à la fois nous définir et nous détruire. Nous pouvons infliger la douleur aux autres pour montrer notre pouvoir sur eux, ou bien nous l’imposer à nous-mêmes pour tenter de donner un sens à ce que nous ressentons ou subissons. Depuis longtemps mon travail artistique tourne autour de ce phénomène sensoriel, et dernièrement, après quelques lectures approfondies sur le sujet, c’est devenu pour moi un véritable prisme de perception.

Lorsque les structures socioculturelles échouent à nous protéger ou n’arrivent pas à nous fournir une place dans la société – par exemple quand on perd son travail ou lorsqu’un partenaire nous quitte –, nous éprouvons une véritable douleur, dite “sociale”, qui partage certains mécanismes neurologiques avec la douleur physique1. Mais là où le souvenir d’une souffrance physique nous atteint chaque fois avec moins de force, revivre l’expérience d’une douleur sociale continue à provoquer autant de peine2. Pour l’individu c’est évidemment dur, mais dans l’évolution humaine la douleur sociale a joué un rôle important, car les liens affectifs sont essentiels pour notre survie3. 

La douleur fait partie de notre vie, on ne peut pas l’éviter. La souffrance en revanche est facultative. Avec cette série, je souhaiterais déclencher une réaction, comme un remède qui va pousser chacun vers un environnement plus nourrissant. Mes photos sont des souvenirs persistants, des fantômes d’événements, comme des énigmes ou des signes qui guident le spectateur à travers un labyrinthe. J’espère atteindre mon public à un niveau subliminal, comme le message dans un rêve. 

“Zone de Silence” fait partie d’un projet personnel en cours, qui examine quatre types de douleur (sélectionnés parmi les divers appellations qu’on trouve dans les articles dédiés à ce sujet) : physique, sociale, émotionnelle et spirituelle. 



Karin Crona

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