Colombienne de 28 ans, Karen Biswell vit et travaille entre Paris et Bogota.
« J’ai commencé ce travail il y a cinq ans, lors de mon voyage annuel en Colombie. Après la mort de mon grand-père il y a 28 ans, le départ de cet illustre esprit a comme arrêté le temps dans la maison. C’était un champion de billard reconnu dans toute l’Amérique Latine.
En rendant visite à ma famille j’ai commencé ce projet en prenant des portraits spontanément, alors que je buvais de la soupe avec ma grand-mère. A ce moment là j’ai commencé à réaliser qu’un processus de prise de vue était en train de se mettre en place, tel un rituel quotidien libérant les habitants d’un passé qui avaient entravé le présent. « Se souvenir » était systématiquement traduit à travers le prisme de l’appareil photo, confondant le temps de la mémoire avec l’instant même.
C’est devenu un cycle photographique à trois volets (qui symbolisent Tres bandas, mon grand-père étant champion de billard « à trois bandes »). Il y a les vielles photographies de mon grand-père jouant au billard, qui étaient disséminées dans la maison. Puis il y a mes images muettes de cette maison sans âge et de ses habitants. En supposant que la gloire passée du sujet et la représentation de la réalité actuelle traduisent mon effort à constituer une nouvelle iconographie, cela donne une liberté à un nouvel avenir qui puise ses sources dans un passé perdu. »