Fake Weather est une nouvelle série très personnelle réalisée par Julie Blackmon. Une fois encore, elle se focalise sur le social, le culturel et le familial, mais également sur le paysage politique tumultueux des États-Unis. C’est la première fois qu’elle dirige son objectif sur l’univers politique – le résultat est frappant.
« Quand j’ai commencé à prendre des photos, raconte Julie Blackmon, je m’intéressais avant tout à la vie de mes cinq sœurs et à la mienne. Nous élevions toutes nos enfants dans la région des Ozarks, au xxie siècle. Mon but était de capturer le mythique au sein de l’ordinaire et peu à peu, j’ai introduit des fils narratifs dans mes photos, en espérant créer des fables visuelles qui reflèteraient des vérités plus profondes. Je voulais explorer et critiquer notre façon de vivre aujourd’hui. Il y a toujours eu des serpents qui rôdaient au fin fond de mon imaginaire. Et d’ailleurs, quelqu’un m’a dit un jour que mon travail relevait à la fois de Norman Rockwell et de Norman Bates… »
Exposées à la Robert Mann Gallery de New York, les dernières œuvres de l’artiste montrent son association si typique d’allure visuelle éloquente et d’incidents subtilement décalés. Dans certains cas, elles adoptent un ton plus sérieux, l’artiste explorant les rêves enfiévrés d’une nation agitée. Fidèle à sa palette de sujets délibérément restreinte mais toujours aussi efficace (jalousies de bacs à sable, intrigues de vides-greniers et joutes fratricides), Julie Blackmon trouve néanmoins largement assez d’espace pour interroger les évolutions de la scène politique.
L’œuvre qui donne son titre à l’exposition, Fake Weather, provoque instantanément le rire, avec son portrait de deux sujets réticents et farouches. Elle fait également office de commentaire sur la température d’une nation sous le coup d’un réchauffement à la fois climatique et politique, et répond à une époque dans laquelle les évidences pourtant bien réelles sont présentées comme étant fausses. Enfin, avec un clin d’œil malicieux à l’intention du public, l’artiste révèle les mécanismes qui, en coulisse, donnent forme à ses visions.
Julie Blackmon, Fake Weather
19 octobre – 2 décembre 2017
Robert Mann Gallery
525 West 26th Street
New York, NY 10001
USA