Nous avons tous au moins une caractéristique qui nous complexe ; quelque chose qui nous donne l’impression de ne pas être « normal ». Pour moi et de nombreux autres, notre poids est source constante d’un sentiment d’insécurité. Au moment où j’ai fêté mes vingt-cinq ans, je pesais 153 kilos. Avec un indice de masse corporelle de 49,9 pour cent, la moitié de mon corps était littéralement constituée de graisse, et j’étais considérée comme « maladivement obèse ». Durant mon enfance et mon adolescence, mon poids m’avait plongé dans des périodes de dépression, à la fois pour des raisons physiques et émotionnelles. Pendant tout ce temps, je n’espérais rien tant que d’être quelqu’un de physiquement totalement différent de moi-même, pensant que cela me rendrait heureuse.
En décembre 2009, je décidais de prendre ma vie en main et commençais ma propre épreuve, tout à fait autonome, pour revenir à la santé. En comptant les calories, en me concentrant sur mon alimentation, mes portions, et en faisant de l’exercice, je réussis à perdre 72 kilos. Alors que je pensais que mes durs efforts et mon zèle me transformeraient en la personne « parfaite » de mes rêves, j’obtins en réalité un résultat tout à fait opposé. Mon expérience contredit tout ce que les médias tendent à décrire. Même s’il est facile de célébrer et d’apprécier les résultats spectaculaires d’un tel comportement, sous les couches de vêtements et derrière les portes closes, une toute autre réalité existe.
Ces photographies sont des auto-portraits. Elles reflètent mon expérience et révèlent ma lutte secrète, physiquement et émotionnellement douloureuse, mon obsession, le contrôle que je dois exercer sur moi-même et l’image que j’ai de moi. Ces images crûment honnêtes apportent un éclairage sur ce que c’est, pour moi, que de vivre dans la moitié (Half) de moi-même.
Julia Kozerski