L’époque édouardienne a été courte mais significative. Elle n’a duré que de la mort de la reine Victoria, en 1901, au décès d’Edouard, en 1910. Mais d’importants changements sociaux et politiques survinrent pendant ce laps de temps en Grande-Bretagne, alors que la vieille aristocratie perdait de sa puissance et que la classe ouvrière cherchait à s’émanciper à travers le processus démocratique. Le carnage et les retombées de la Première Guerre mondiale ont mis la dernière touche à cette transformation radicale.
Mon thème au sein de ce projet est l’injustice. À cette époque, la division entre les riches et les pauvres dans la société était très marquée ; l’extrême pauvreté et ses conséquences dramatiques étaient largement répandus. Dans le but d’y échapper, des centaines de milliers d’hommes et de femmes se faisaient engager comme domestiques. Ce n’était pas la vie relativement confortable que l’on voit dans les programmes télé d’aujourd’hui. Les gens y étaient exploités et abusés, parfois même sexuellement. In Service expose certaines des réalités qui prenaient place derrière les murs des maisons de la classe privilégiée de cette époque.
Il y avait de nombreux niveaux hiérarchiques au sein du personnel ; certaines grandes maisons possédaient une domesticité constituée d’un très grand nombre d’employés. La question du statut était aussi importante entre les domestiques qu’elle l’était partout ailleurs dans la société : le cuisinier était responsable de tout le personnel de cuisine, le majordome de tous ceux qui participaient au quotidien de la maisonnée. Les serviteurs de haut rang étaient autorisés à engager, sanctionner et renvoyer ceux dont ils étaient responsables. En vertu de ce privilège, il n’est pas surprenant qu’il y ait eu alors de nombreux témoignages dénonçant des domestiques en abusant d’autres de rang inférieur.
Julia Fullerton-Batten
