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Joyce Tenneson: « Je ne suis pas intéressée par la réalité en surface »

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Joyce Tenneson est une photographe américaine connue pour son monde subtil et intrigant. Vicki Goldberg, critique et auteur, écrit d’elle : « Joyce Tenneson possède une vision unique qui rend ses images immédiatement reconnaissables. Elle crée des photographies énigmatiques, sensuelles, intemporelles et qui hantent… Les images sont profondément touchantes, évoquant souvent les souvenirs oubliés. »

Vous êtes principalement une photographe de portrait et avez déclaré : « Un vrai portrait ne peut jamais cacher la vie intérieure de son sujet. »

Dans tous mes portraits, j’essaie vraiment de révéler l’esprit de mes sujets. Je ne suis pas intéressée par la réalité en surface. Je ne suis pas une photojournaliste bien que j’admire le photojournalisme. J’aime me rapprocher de mon sujet et collaborer avec lui. Si j’ai de la chance, quelque chose de magique peut arriver par cette connexion. Grâce à un portrait, il est potentiellement possible de tout voir, l’histoire et la profondeur d’une vie, ainsi que la preuve d’une présence universelle. J’ai consacré ma vie professionnelle et mon énergie créative à la capture de ces moments transcendants dans lesquels un échange est établi entre le sujet, le photographe et le spectateur.

Pouvez-vous décrire ce processus de travail ?

La plupart de mes sujets connaissent bien mon travail, mais j’ai généralement un portfolio de travaux récents : je leur montre ce que je fais à ce moment-là et ce que je recherche. J’essaie de travailler à la création d’une image profonde. Je cherche ce qui se cache sous la beauté de la surface. Ce qui m’intéresse, c’est la complexité humaine : les parties dans l’obscurité aussi bien que celles dans la lumière. Mes sujets deviennent souvent des amis proches. J’aime essayer d’être ouverte, et puis présente durant la séance. Mes meilleures photographies sont les fruits d’une collaboration honnête.

Comment trouvez-vous habituellement vos modèles pour vos portraits ?

J’ai vécu à New York pendant 25 ans et il y était assez facile de rencontrer des gens de plusieurs pays. Par exemple, en attendant dans une boutique, aux vernissages ou encore sur le quai du métro. J’approchais les gens qui avaient quelque chose d’inhabituel à et qui pouvaient être intéressants dans un portrait.

Vous photographiez aussi les fleurs, les arbres et les coquillages… Comment lier ces images aux précédentes ?

J’ai toujours aimé les gens et la nature. Après avoir fait huit livres sur les gens, comme Transformations et Light Warriors, je me sentais obligée de faire une pause et me ressourcer dans la nature. J’ai observé la nature de la même façon que les hommes, à la recherche de la singularité de chaque fleur. J’ai vraiment essayé de photographier les fleurs comme si elles étaient des personnes. C’est pourquoi j’ai appelé un livre de fleurs Intimacy et utilisé le sous-titre The Sensual Essence of Flowers. Je voulais faire découvrir leur essence.

Comment voyez-vous votre place dans la tradition des photographes de portrait ?

Le photographe dont je me sens le plus proche est Irving Penn. J’admire vraiment son style, d’une élégance européenne, très différente de celle d’Avedon, même si tous deux ont fait la même école. L’élégance est quelque chose que j’apprécie beaucoup et que j’essaye d’instaurer dans mon travail.

Propos recueillis par Kyle Harris

Cette interview fait partie d’une série proposée par la Holden Luntz Gallery à Palm Beach, en Floride.

Holden Luntz Gallery
332 Worth Ave
Palm Beach, FL 33480
Etats-Unis

http://www.holdenluntz.com/

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