Depuis trois décennies, Josef Koudelka a eu tendance à troquer son Leica pour un appareil panoramique. Douze de ses photographies grand format et en noir et blanc se retrouvent aujourd’hui sur les murs de la Pace McGill Gallery à New York, cette exposition se voulant une sélection de ses meilleurs travaux sur cette période. On y (re)découvre les vestiges de zones industrielles et les paysages côtiers d’Europe et du Moyen-Orient, dont certains figurent dans Vestiges, son exposition itinérante de 2012.
De nombreux sujets sont ici représentés. De son enquête commandée par La Mission photographique Transmanche sur les régions françaises et anglaises touchées par le tunnel sous la Manche à son exploration du climat politique en Israël et en Palestine, et sa plus récente documentation de la persistance du classicisme le long du pourtour méditerranéen. Aussi, si Koudelka a continuellement utilisé des caméras panoramiques, c’est pour mettre en valeur les terrains qui ont été significativement mis en forme, modifiés, et même dévastés par les effets de l’industrie, du temps ou des conflits territoriaux.
Julian Cox, conservateur en chef du Musée des Beaux-Arts de San Francisco, tient au sujet de ces images les propos suivants : « Il ya quelque chose sombre et inquiétant dans les panoramas de Koudelka. D’une part, ils sont des énoncés de fait, et de l’autre, ils fonctionnent aussi comme un système d’idées ainsi qu’une beauté pour les yeux. Leurs beauté captive, même se ces panoramas ne fournissent pas une image d’espoir pour aujourd’hui ou demain … Ils sont vastes dans la forme et pourtant, à plusieurs reprises, leur cadre formule un espace en le délimitant, offrant simultanément à l’imagination un champ de vision qui va au-delà de ce qui est montré. »
C’est vrai que ces images sont à la fois douces par le ton et fortes par les événements qu’elles suggèrent. Elles évoquent les cicatrices de l’exploitation minière, l’exploitation industrielle, les barrières physiques, autant d’évidences que le point de vue du photographe et l’utilisation de contrastes graphiques intensifient naturellement. Ainsi, il est certain qu’il ne faut pas approcher les panoramas de Koudelka comme des vues pittoresques classiques, mais plutôt comme un spectacle sombre de la civilisation moderne et de la relation complexe qui lie l’humanité à la nature. Un spectacle sombre mais puissant.
EXPOSITION
Twelve Panoramas – 1987-2012
Josef Koudelka
Jusqu’au 14 février 2015
Pace McGill Gallery
508 West 25th Street
New York NY 10001
USA
Tel: 212.989.4258
http://www.pacemacgill.com
Les tirages ont été réalisés par le laboratoire Picto.