Naturalia : Chronique des Ruines Contemporaines
Enfant, j’ai vu un documentaire animalier qui m’a marqué à vie. Il portait sur la fonte des glaces et ses conséquences sur la vie des ours polaires. Je me souviens encore de cet ours qui peinait à nager pour trouver un morceau de banquise. D’après le Dr Haim Ginott, pédopsychologue, « les enfants sont comme du ciment frais, tout ce qui leur tombe dessus y laisse une trace». Pendant toute ma jeunesse, à chaque fois que mon père ou ma mère faisait quoi que ce soit qui semblait mauvais pour l’environnement, je leur répétais cette phrase : « Attention, tu tues les ours ! ».
Cette conscience écologique m’a rendu attentif à la Nature qui m’entoure. Parfois, Elle s’immisce dans des endroits inattendus et revient occuper des lieux dont nous l’avions chassée. Elle est plus forte et, quoi qu’il advienne de l’Homme, Elle sera toujours là.
Naturalia : Chronique des Ruines Contemporaines pose une question fondamentale : celle de la place de l’Homme sur Terre et de sa relation avec la Nature. Alors que l’impact de l’Homme sur son environnement n’a jamais été aussi fort, cette série cherche aussi et surtout à éveiller les consciences, sans être pessimiste.
L’Homme construit, l’Homme abandonne. A chaque fois pour des raisons qui lui sont propres. La Nature n’a que faire de ces raisons. Une chose est sûre, quand l’Homme part, Elle revient et reprend tout.
Dans son poème Eternité de la Nature, brièveté de l’Homme, Alphonse de Lamartine écrit : « Triomphe, immortelle nature ! / A qui la main pleine de jours / Prête des forces sans mesure / Des temps qui renaissent toujours ! ». Dans sa progression inexorable, la Nature commence donc par reprendre l’extérieur d’une villa italienne (Photo 1) avant d’infiltrer l’intérieur d’un château croate (2) ou d’une serre belge (4). Puis Elle pousse dans l’atrium d’un palais polonais (6) ou un théâtre cubain (7), avant d‘envahir un château monténégrin (10). Ensuite, Elle engloutit la croix d’un monastère belge (11), ou en prenant plus de Temps, emprisonne une villa taiwanaise de ses fortes racines (15).
L’étape suivante ? L’écroulement puis l’enfouissement.
Le poète Léo Ferré disait « Avec le Temps, va, tout s’en va ». Ainsi, quand la Nature et le Temps auront repris ce que l’Homme abandonne, que restera-t-il de notre civilisation ?
Jonk