Jonathan Alpeyrie est l’un des plus talentueux photojournalistes d’aujourd’hui. A force de rendre compte de tous les conflits, il a eu envie de se pencher sur les guerres d’hier, notamment sur la seconde guerre mondiale. Il travaille depuis plusieurs années sur un projet de livre que nous avons voulu vous présenter aujourd’hui.
La Deuxième Guerre Mondiale a été menée par une génération entière d’hommes issus de 60 nations. Américains, Canadiens, Russes, Anglais, Chinois, Sud Africains, … combattirent les Japonais, Espagnols, Italiens, Allemands, Slovaques et d’autres encore : tous furent entraînés dans cette guerre qui tua 50 millions de soldats et de civils, faisant de ce conflit le plus sanglant de l’histoire. La génération de 1921/22, aujourd’hui connue comme la génération sacrifiée, combattit pour une grande variété de motifs, mêlés de sens du sacrifice et de l’honneur. Rien qu’en Allemagne, 3,2 millions de soldats furent tués sur une période de six ans, le Japon perdit 2 millions d’hommes au combat, quand les États-Unis souffrirent 409000 morts sur le champ de bataille. C’est à la Russie cependant que revient le record morbide, avec plus de 10 millions de tués entre 1941 et 1945. Ce nombre ahurissant montre la brutalité avec laquelle cette guerre était menée dans les airs, sur terre, et sur mer.
Pour un journaliste, toujours à la recherche d’une certaine vérité historique pour comprendre le monde d’aujourd’hui, les histoires de chacun de ses hommes sont un trésor de persévérance humaine. Le projet ne prétend pas juger ou critiquer les actions ou les décisions qu’ils ont pu prendre, c’est une remémoration d’une période très différente de la nôtre. Leur témoignage a une pertinence historique, que l’on ne doit pas laisser se perdre, alors que les générations à venir peuvent et doivent apprendre de celle-ci.
Le projet photographique devra englober autant de nationalités que possible, pour la simple raison que de nombreuses nations ont été impliquées dans le combat. Jusqu’à maintenant, j’ai photographié des Allemands, des Russes, des Arméniens, des Karabastis, des Français, des Belges, des Polonais, des Américains, des Népalais, des Croates, des Tchèques, des Lettons, des Japonais, des Américains, des Philippins, des Hongrois, et d’autres… 92 hommes de 19 nationalités différentes. Chaque homme est interviewé à propos de son expérience de la guerre. Le but de ce projet est de réunir autant de vétérans que possible, de la plupart des nationalités impliquées. Actuellement je suis en contact avec des Serbes, des Bosniaques, des Ouzbèkes, des Baltes, des Finlandais, des Chinois, et des organisations japonaises. D’ici un an, le projet pourrait être terminé, avec une sélection de 75 à 100 vétérans de 20 à 25 nationalités.
Jonathan Alpeyrie
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