Il y a quelques années, j’ai remarqué que les cônes de signalisation apparaissaient dans certaines de mes photographies de rue. Bien sûr ils sont conçus de manière à être bien visibles, pour nous alerter de la présence ou d’un danger, pour nous en séparer ou encore pour réduire la probabilité d’un danger éventuel.
J’ai alors commencé à les remarquer de plus en plus et j’ai réalisé qu’une sorte de paradoxe existait à leur égard. Ils me semblaient omniprésents mais j’avais le sentiment que les autres n’en avaient pas conscience. C’est comme si les gens devenaient aveugles face à leur habituelle présence et semblaient leurs obéir presque inconsciemment. Les cônes de signalisations sont les débris des travaux routiers et du bâtiment. Ils avertissent aussi bien d’un danger imminent que du danger à venir. Les cônes de sécurité séparent les piétons des voitures, dévient la circulation et délimitent certains sites… Ils évoquent l’urgence, la construction, le développement et parfois le progrès. J’ai trouvé en cela un aspect curieux de notre société que le risque encouru par un piéton par exemple, menacé par une grande pelle jaune, pouvait être atténué par la présence d’un ou plusieurs cônes oranges à la hauteur du genou. Pour moi, cela était aussi absurde que de se trouver au sommet d’un pin de dix mètres. Pourtant, les cônes ont cette qualité de croire en la nature altruiste de leur affectation.
Jon Reid
Portfolio week-end sélectionné par Jean-Luc Monterosso.