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Jon Cazenave–L’âme basque

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Jon Cazenave (Donostia, 1978), photographe.

En 2001, tu sors de l’Université Deusto de Bilbao avec une Licence en Sciences de l’Economie et de l’Entreprise. Tu travailles alors dans le monde de la finance. Quand tu étudiais à l’université tu faisais déjà de la photographie ? Comment ça a commencé ? Pourquoi n’as-tu pas fait directement une école de photographie, aller directement à l’IDEP de Barcelone, ce que tu fais 5 ans après ?
J. C : D’abord, à l’époque, je ne pensais pas du tout me consacrer à la photographie. J’ai terminé mes études en Juin 2001 et en Septembre de la même année je travaillais 12 heures par jour. J’ai travaillé pendant 5 ans dans la finance, l’audit de comptes en PME, ce qui ne me laissait aucun temps pour la photographie. C’est en 2006 que j’ai découvert le médium et la quantité infinie d’accomplissement personnel que pouvait m’apporter un appareil photo. Là, je décide de quitter mon travail et de me donner une année pour étudier à Barcelone.

En 2008, tu participes au premier workshop de Magnum à Oslo. Pendant ces deux années tu fais de la photographie documentaire. Tu dois bien avoir quelque chose d’inné avec la photographie parce qu’entre une chose et une autre il ne se passe pas beaucoup de temps à partir du moment où tu quittes la finance. Comment tu as vécu la transition « amateur » puis « diplômé » et finalement le démarrage d’une carrière ?
J. C : Il n’y a rien d’inné avec la photographie, c’est simplement beaucoup plus facile d’avancer si tu sais quel est ton objectif. Avoir étudié à l’Université et avoir accumulé 5 années d’expérience professionnelle dans la finance, a été une école fondamentale pour construire ce que je suis aujourd’hui et pour arborer la capacité de sacrifice avec laquelle je cultive mes projets. Je ne crois pas aux étiquettes « amateur » ou « professionnel » puisque de nos jours ces barrières ont complètement disparu. En revanche ce qui se produit à Oslo c’est ma prise de conscience sur l’envie, l’inspiration que me procure mon pays, le Pays Basque. Une forme de thérapie palliative pour soigner quelques blessures que nous avons tous, les basques. Là-bas, devant un miroir d’eau gigantesque, une flaque, dans le port d’Oslo, est née Galerna, et avec mon premier travail à long terme.

Ensuite, en effet, tu te consacres complètement et exclusivement à des travaux monographiques et de recherches. La liste de prix, publications, projections et expositions confirme la reconnaissance de ta photographie. Comment fais-tu pour faire cohabiter les forces telluriques et les bulles de chanpagne ? (Je plaisante !)
J. C : Depuis 2008, j’ai concentré toute mon énergie à travailler. J’ai commencé Galerna en sachant que ce serait un travail de beaucoup d’années et dont l’objectif était de me construire en tant que Basque d’une manière purement esthétique. Peut-être que les forces telluriques sont trop fortes pour que je me rende compte que le champagne existe aussi! Je ne me concentre que sur le développement de mon travail, en cohérence avec ce que je suis, avec mes engagements.

Raconte ta discipline, ta façon de travailler ?
J. C : Galerna est un travail de recherche qui se développe sur deux lignes : Le Pays Basque et Jon Cazenave ce qui fait que je travaille 24 heures par jour. Je conçois la photographie comme un acte solitaire et c’est de cette manière que j’explore les lieux qui abritent la sève, l’essence. Je passe par une étape de sensibilisation au monde qui m’entoure très importante pour l’interpréter et créer un imaginaire visuel où les arbres, les cieux noirs ou la mer construisent un écho symbolique qui me rapproche de l’âme basque la plus reculée et la plus profonde.

L’année dernière ton projet « Homo Spiritualis » a été choisi dans la première sélection du 19e FotoPress « La Caixa », en quoi consiste le projet ?
J. C : Ce projet est un développement, une extension de Galerna. Par l’étude des racines des basques, je suis arrivé jusqu’au Paléolithique (40’000 av. JC) pour me rendre compte du fait que la naissance de l’homme basque s’étend sur un territoire beaucoup plus étendu et ne nous appartient pas dans sa totalité. Ce travail parle de l’homme européen, il transcende les frontières du Pays Basque. L’homme qui vivait dans le sud de l’Europe pendant la dernière glaciation avec un quotient intellectuel égal à celui d’aujourd’hui et jouissait d’une splendide et pacifique adaptation au monde naturel. L’anthropologie évoque que les différentes communautés organisaient des rencontres saisonnières où se créaient des liens et créant ainsi une culture où le territoire se partageait. C’est dans cet environnement que l’homme prend conscience de lui-même face à ce qui l’entoure et passe d’élément de la Nature à la création du premier sentiment d’appartenance à l’Humanité. D’après Jean Clottes, naît alors l’homme que nous sommes toujours aujourd’hui, l’Homo Spiritualis.

Quand dois-tu remettre ton travail et combien de photographies tu comptes réunir approximativement ?
J. C : En juillet on va se réunir avec les tuteurs et les responsables du projet à Barcelone pour qu’ils regardent le travail réalisé.
Je conçois la photographie comme un levier pour me poser des questions ainsi chaque photographie se convertit en une interrogation. Actuellement j’ai 378 interrogations et il me reste deux mois de travail.

Tu parles toujours de long terme avec ton travail, raconte quelque chose sur la livraison d’une monographie et le passage à un nouveau projet ?
J. C : Tout processus expérimental doit terminer pour tirer des conclusions. Le processus de ce travail a été établi en Janvier avec un objectif : être capable d’élaborer un défilé qui rassemble les fondations d’un projet qui ouvre une porte nouvelle dans mon chemin photographique. Je suis très touché que cette expérience se déroule dans le cadre du FotoPres.

Je perçois une métamorphose nécessaire entre l’homme que je pourrais croiser dans les rues de Barcelone et l’auteur de la vision si immaculée de l’obscurité, du mystère, de la peur, du délire… (Tu provoques beaucoup d’émitions!) Peux-tu expliciter pour Le Journal ce que tu écris dans ta présentation sur ta page web : « l’appropriation du signe et symbole culturel dans un sens proche à la création contemporaine »?
J. C : La culture populaire a toujours été assujettie à des connotations folkloriques qui brouillent la profondeur esthétique de cette culture. Dans mon travail, je prends en compte ces signes et symboles si reconnaissables pour les retourner et les placer sur un plan radicalement opposé, celui de la construction de l’Homme. Nous nous sommes éloignés trop de ce que nous sommes dans les dernières décades. L’exode incontrôlable vers la ville, l’absence de solidarité entre semblables ou la création d’un tas de besoin virtuels, ne sont que quelques exemples de tout cela. Mon travail consiste à repêcher ces émotions primitives que nous avons tous en nous et dont nous sommes éloignés de manière trop radicale.

Un mot sur ton portfolio ?
J. C : Cette sélection inclut des photographies de Galerna et aussi des images inédites de mes derniers mois de travail.
J’essaie de construire un imaginaire autour de la nature, là où les frontières entre l’humain et le sauvage se diluent. Les animaux et les arbres me guident vers mes peurs les plus ataviques et fédèrent un appel qui m’invite à explorer les origines de notre spiritualité.

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En 2001, sales de la Universidad de Deusto de Bilbao, licenciado en ciencias económicas y empresariales. Luego trabajas en el mundo de las finanzas, simultáneamente a ejercer la fotografía. Cuando estudiabas ciencias económicas ya hacías fotos? Como empezó tu historia con la fotografía? Por qué no decidiste ir a Barcelona al IDEP cinco anos después de graduarte en ciencias económicas?
J. C : Nunca me había planteado dedicarme a la fotografía. Terminé mis estudios en Junio de 2001 y en Septiembre me encontraba trabajando 12 horas al día.
Trabajé en el mundo de las finanzas durante 5 años en empresas de primer nivel relacionadas con la auditoría de cuentas por lo que no disponía de tiempo para dedicarme a sacar fotografías. Fue en 2006 cuando descubro las posibilidades de desarrollo personal infinitas que da una cámara y decido dejar el trabajo y darme un año de paréntesis para estudiar en Barcelona.

En 2008, participas en el primer Magnum Workshop en Oslo. En esos dos años que han transcurrido te dedicas a la fotografía documental como vía para plasmar el mundo… Algo innato habrá con la fotografía, pasa poco tiempo entre una cosa y otra, una vez te separas de las ciencias económicas. Como viviste la transición de la fotografía « amateur », a la fotografía « diplomada » y al inicio de una trayectoria fotográfica?
J. C : No hay nada innato con la fotografía, simplemente es mucho más fácil avanzar si sabes cual es tu objetivo. El haber estudiado una carrera y pasar por 5 años de experiencia en el mundo de las finanzas fue una escuela fundamental para construir lo que hoy soy y para vertebrar la capacidad de sacrificio con la que encaro mis proyectos.
No creo en las etiquetas “amateur” o “profesional” ya que hoy en día estas barreras han desaparecido por completo. Lo que sí ocurre en Oslo es que me doy cuenta que quiero hablar sobre mi país, el País Vasco, como herramienta para curar algunas heridas que todos los vascos tenemos. Allí, frente a un charco inmenso en el puerto de Oslo, nació Galerna, y con ello, mi primer trabajo a largo plazo.

Después te dedicas completa y exclusivamente a trabajos monográficos de investigación y la lista de premios, publicaciones, proyecciones y exposiciones confirma el indudable reconocimiento de la fotografía misma. Como haces convivir fuerzas telúricas y burbujas de champagne ? (Bromeo)
J. C : Desde 2008 he centrado toda mi energía en trabajar. Comencé Galerna sabiendo que era un trabajo de mucho años cuyo objetivo debía ser construirme como vasco de una manera puramente estética. Quizás las fuerzas telúricas son demasiado potentes como para darme cuenta siquiera de que existe el champagne. Solo me centro en desarrollar mi trabajo de manera coherente y comprometida con lo que yo soy.

Cuéntanos algo de tu disciplina, formas de trabajar, etc… con la fotografía?
J. C : Galerna</em< es un trabajo de investigación que se desarrolla en dos líneas: el País Vasco y Jon Cazenave, por lo que trabajo 24 horas al día. Concibo la fotografía como un acto solitario y es así como exploro los lugares que recogen la esencia lo que somos. Hay un enorme trabajo de sensibilización con el mundo que me rodea para interpretarlo y crear un imaginario visual donde los árboles, los cielos negros o el mar construyen un mundo simbólico que me acerca a lo más profundo del alma vasca.

El año pasado tu proyecto « Homo Spiritualis » fue seleccionado en la primera convocatoria del 19° FotoPres « la Caixa ». En qué consiste el proyecto?
J. C : Este proyecto es un desarrollo de Galerna. En el estudio de la esencia de los vascos llegué al Paleolítico (40.000 a.C.) para darme cuenta que el nacimiento del hombre vasco abarca un territorio más amplio y no nos pertenece en su totalidad. Este trabajo habla del hombre europeo, trasciende las fronteras del País Vasco. El hombre que vivía en el sur de Europa durante la última glaciación tenía un nivel de inteligencia igual al actual y disfrutaba de una esplendorosa y pacífica adaptación al mundo natural. La antropología nos sugiere que las distintas comunidades organizaban encuentros estacionales donde se tejían vínculos creando una cultura donde el territorio se compartía. En ese entorno el hombre toma conciencia de sí mismo ante lo que le rodea y deja de considerarse parte de la Naturaleza para pasar a crear el primer sentimiento de pertenencia a la Humanidad.
Según Jean Clottes nace el hombre que todavía hoy somos, el Homo Spiritualis.

Cuando tienes que entregar el trabajo, cuantas fotografías reunirás en este proyecto más o menos?
J. C : En Julio nos reunimos con los tutores y los responsables del proyecto en Barcelona para visionar el trabajo realizado en estos meses. Concibo la fotografía como una herramienta para hacerme preguntas así que cada fotografía se convierte en un interrogante. A día de hoy tengo 378 interrogantes y todavía quedan más de 2 meses de trabajo.

Hablas de largo plazo con tu trabajo, cuéntanos algo sobre la entrega de una monografía y el nacimiento de otro proyecto?
J. C : Todo proceso experimental debe terminar para obtener conclusiones. El proceso de trabajo para esta beca ha sido planteado desde Enero con un objetivo: ser capaz de elaborar una muestra que recoja las bases de un proyecto que abra una puerta nueva en mi camino fotográfico.
Estoy emocionado de que esto haya sucedido dentro del proyecto FotoPres.

Percibo como una metamorfosis necesaria entre el hombre que podría cruzar en las calles de Barcelona y el autor de esa visión tan nítida de la oscuridad, del misterio, del susto, del delirio (provocas muchas emociones). Puedes aclarar para Le Jornal lo que he leído en tu presentación : « la apropiación del signo y símbolo cultural en un sentido próximo a la creación contemporánea »?
J. C : La cultura popular siempre ha estado sujeta a unas connotaciones folkloricas que no nos hacen percibir la profundidad estética de la misma. En mi trabajo intento valerme de esos signos y símbolos tan reconocibles para darles la vuelta y colocarlos en un plano radicalmente opuesto, el de la construcción de Hombre. Nos hemos alejado demasiado de lo que somos en las últimas décadas. El éxodo imparable a la ciudad, la ausencia de solidaridad entre semejantes o le creación de necesidades virtuales son solo un ejemplo de todo esto. Mi trabajo trata de rescatar esas emociones primigeneas que todos llevamos dentro y de las que nos hemos alejado tan radicalmente.

Puedes comentar brevemente tu selección de fotografías ?
J. C : Esta selección incluye fotografías recogidas en Galerna junto con varias imágenes captadas en los últimos meses. Intento construir un imaginario entorno a la naturaleza, donde las fronteras entre lo humano y lo salvaje se diluyen. Los animales y árboles me guían en un viaje hacia mis miedos más atávicos y generan una llamada que me invita a explorar los orígenes de nuestra espiritualidad.

Propos recueillis par Lola Fabry, mai 2013

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