« Gia » Carangi était sans aucun doute la star emblématique de la mode qui incarnait le mieux l’archétype du super-modèle dans les années 80. Au cours de son ascension fulgurante – mais bien trop courte – vers la gloire, Gia Carangi mena une vie qui résumait aussi bien son triomphe que les dangers qui lui étaient liés. Elle devint instantanément une sensation dans le monde de la mode. Son destin peut être vu comme une sorte d’avertissement et un rappel puissant de la nature à double tranchant de la gloire et de la fortune.
Mon nom est John Stember. En consultant mes archives, j’ai retrouvé ces photos de Gia que j’avais prises il y a trente ans. Je ne les avais pas vues depuis des années mais je me suis immédiatement souvenu des expériences colorées et extraordinaires que nous avions pu vivre ensemble. Elle était d’une beauté renversante et vivait comme une rebelle éprise de liberté, une sorte de James Dean féminine qui changea le monde de la mode à jamais.
Météorique est le seul mot qui puisse décrire le parcours de Gia dans sa course pour devenir un super-modèle, entre les années 1979 et 1982. Elle débarqua sur la scène de Manhattan à l’âge de 17 ans, exceptionnellement belle et séduisante. Elle fut immédiatement signée par l’agence de top modèle Wilhelmina.
Nous nous rencontrâmes pour la première fois quand nous travaillâmes pour le magazine Vogue en 1979. Elle venait à peine d’arriver à New York, mais même alors elle avait déjà ce caractère dynamique qui la différenciait de tous les autres modèles. Elle ne posait pas comme elles, elle bougeait continuellement comme si elle venait d’un autre monde. Elle vivait dans son propre univers, faisait son propre « truc ». Elle avait un visage, un corps et un look parfaits pour un modèle, mais elle bougeait avec naturel, comme un animal sauvage, et avait cet air de dire « Je n’en ai rien à faire » qui s’accordait parfaitement avec son attitude.
Travailler avec Gia pouvait très vite se révéler chaotique et même si elle se révélait souvent orageuse et difficile, elle s’animait toujours devant l’appareil, d’une manière qui était à la fois spontanée et inégalable. C’est la raison pour laquelle j’aimais travailler avec elle. C’était de loin le meilleur modèle que j’ai pu connaître. Elle avait vraiment un talent inné.
Sa vengeance favorite, lorsqu’elle était en colère contre un directeur photo ou un membre de l’équipe, était d’attendre pendant des heures, avant de finalement se livrer à nouveau. Elle pouvait saboter toute une séance de pose juste quelques secondes avant qu’elle ne commence, réduisant à néant des heures de préparation, de coiffure et de maquillage avant même qu’une seule photo eut été prise.
Lire la suite du texte de John Stember dans la version anglaise de L’Œil.