J’ai eu la chance de rencontrer John en 1982. John était alors correspondant Europe pour le National Geographics et j’arrivais du Kenya avec ma valise de kodachromes illustrant la famille de lion que j’avais étudié au cours des trois dernières années avec ma femme Anne. Ensemble nous les avons photographié tous les jours afin de comprendre leurs comportements, leurs liens sociaux, leurs modes de vies… et écrire une thèse sur eux.
Ce sont les lions qui m’ont appris mon métier de photographe. Je ne connaissais rien à l’histoire de la photographie quand je suis arrivé à Paris hormis quelques photographes animaliers, mais mon objectif, mon envie a toujours été d’être publié dans le National Geographic. Et John a été un formidable soutien. Il a pris le temps de regarder les centaines de planches que j’avais avec moi, avec beaucoup de patience et de bienveillance, il a trouvé les mots pour m’expliquer les techniques et comprendre les besoins des éditeurs de l’époque.
Je n’ai finalement jamais publié mes lions dans le National Geographic mais le journal m’a demandé de poursuivre mon travail à leurs côté, aux côtés de John, sur le Tour de France. Commande de rêve. Mais je n’avais malheureusement pas bien compris leur demande. Alors qu’ils voulait des images du sport des cyclistes, des vélos, de la course… je me suis concentré sur les spectateurs, les scènes de vies, les villages traversés, sur cette France populaire que j’aime tant. Ils ont été déçus et moi aussi. John et moi sommes devenus amis pour la vie.
De John, je garde cette admiration d’un jeune professionnel pour un confrère expérimenté car John est une personne d’une rare gentillesse et générosité. Il fait parti des plus grand et prenait toujours le temps d’échanger avec les plus jeunes. Croyez moi, dans les géants de la photographie c’est quelque chose de rare! Et tout simplement je l’aime!
Yann Arthus-Bertrand