Jim French (né en 1932) débuta comme dessinateur avant de pratiquer la photographie érotique masculine dans les années 60. Alors prospère illustrateur de mode, French s’associa à un ancien camarade de l’armée pour créer une entreprise de vente par correspondance à New York baptisée Luger. French réalisait dans ce cadre des dessins érotiques d’hommes hyper-masculins : des soldats, des cowboys ou des motards. Il finit par racheter la part de son associé dans l’affaire, et en 1967, sous le pseudonyme de Rip Colt, fonda le Colt Studio, à la réputation sulfureuse. Produisant des dessins très détaillés pour les divers livres, magazines et calendriers produits par Colt Studio, French se tourna vers le Polaroid, qui venait de faire son apparition, pour réaliser des photographies de modèles masculins qui pourraient servir pour des études ultérieures. Malgré son immense talent avec un crayon, French finit pourtant par se construire une formidable réputation, apparaissant comme l’un des photographes les plus importants du genre. L’exposition de ClampArt présente les « études » réalisés au Polaroid en studio vers la fin des années 60.
Les modèles peuvent être onéreux, et les photographier sous de nombreuses poses durant des sessions extensives en studio se révélait plus pratique et économique pour French. Mais à cette époque, avant les années 70, il était difficile de faire développer des films traitant de sujets érotiques. En allant dans un studio public, on pouvait risquer une arrestation, aussi les artistes devaient-ils s’en remettre à des laboratoires privés, mais la qualité pouvait s’en ressentir. Le Polaroid offrit aux photographes la possibilité de contourner cette difficulté avec des images prêtes en quelques minutes. Pour paraphraser Christopher Harrity qui a écrit sur le travail de French pour The Advocate : « Le Polaroid était une bénédiction pour l’amateur comme pour le professionnel. L’entreprise qui le fabriquait était parfaitement consciente de cela lorsqu’elle créa un modèle blanc et sexy baptisé le »Swinger ». » (NdT : un swinger désigne en argot une personne libérée sexuellement).
Les Polaroid de French sont tour à tour sexys, choquants, parfois affectés, mais toujours magnifiques. L’artiste, connu pour son perfectionnisme, créa des photographies d’inspiration classique, composées à la perfection, qui contribuèrent largement à établir un standard et une approche pour traiter l’idéal visuel de la beauté érotique masculine. Au côté d’autres photographes tels que Bruce of LA et les membres de la Western Photography Guild, George Platt Lynes et le collectif PaJaMa, French a largement influencé des artistes comme Robert Mapplethorpe, Bruce Weber, et Herb Ritts.
Jim French suivit une formation complète à la Philadelphia Museum School de 1950 à 1954 avant de rejoindre l’armée en 1955. Après que celle-ci l’ait libéré en 1957, il s’installa à New York, où il vécut jusqu’en 1974, avant de déménager pour les collines d’Hollywood, en Californie. Il a publié neuf livres incluant Man ; Another Man ; Jim French Men ; Quorum ; Opus Deorum ; Masc. ; The Art of Jim French ; The Art of the Male Nude ; et maintenant Tinker, Tailor, Soldier, Sailor. L’artiste a pris sa retraite et réside à Palm Springs.
Exposition
Tinker, Tailor, Soldier, Sailor: Polaroids by Jim French
Du 21 novembre au 21 décembre 2013
ClampArt
521-531 West 25th Street, Ground Floor
New York City, 10001
USA
+1 646.230.0020
[email protected]
Livre
Tinker, Tailor, Soldier, Sailor: Polaroids by Jim French
Antinous Press
Couverture rigide
144 pages, 9.75 x 7.5 inches
$50