Les Éditions de La Martinière annoncernt le retour de l’exposition dédiée à Frank Horvat au Jeu de Paume de Paris. Après son succès à Tours, redécouvrez l’exposition dans une version enrichie. Intitulée Frank Horvat. Paris, le monde, la mode, l’exposition comporte 170 tirages et 70 documents d’époque qui reviennent sur la période d’après-guerre entre 1950 et 1965.
Ce catalogue se concentre sur les quinze premières années de la carrière de Frank Horvat, période durant laquelle il affirme une personnalité hors norme d’auteur-reporter et de photographe de mode. Sa fille, Fiammetta Horvat, nous a envoyé ce texte :
Quelques jours avant la mort de mon père je m’élançais dans sa chambre d’hôpital. Je la connaissais bien cette triste chambre, puisque j’y avais déjà dormi inconfortablement à ses cotés, et je l’avais ornée des photos de mon père pour distraire ses yeux fatigués. Je lui annonçais avec bonheur que le Jeu de Paume allait l’accueillir. Parler de futur avec lui me permettait d’ignorer l’évidence de son départ imminent.
Deux années plus tard, quelle satisfaction de vivre encore la bonne nouvelle qui avait réveillé une étincelle de joie dans ses yeux.
Tout a commencé en Arles lorsque Laure Augustins, la complice de Sabine Weiss, m’a présenté Virginie Chardin qui venait de travailler avec Sabine. J’étais allée voir plusieurs directeurs d’institutions et j’avais essayé de les convaincre, en vain, que le travail de mon père était à redécouvrir. Depuis des années ses entêtements et ses années d’expériences digitales l’avaient complètement isolé du monde de la photo. Virginie, que je remercierai toujours, a été curieuse et s’est laissée porter au studio. Malheureusement, mon père était déjà à l’hôpital. Mais ses archives parlent pour lui. Inspiré par l’enthousiasme de Virginie, Quentin Bajac visita à son tour le studio peu de temps après. Le mot tant espéré exposition était prononcé. Puis mon père est décédé. Je crois qu’il est parti sachant que le travail continuerait sans lui. Heureux.
Dans un soucis de perpétuité mon père avait soigneusement numérisé depuis 2004 tout son fond. J’offrais à Virginie une archive filtrée et rangée. Elle voulait découvrir le Horvat entier, celui de toutes les époques, celui qui se révèle par les traces de crayons sur les planches contacts. Je craignais enfreindre les règles paternelles mais elle s’y plongea: les choix du jeune Horvat, de Francesco, de l’homme que je n’ai jamais connu, sont apparus. Rapidement son langage de jeune photographe s’affirma et je reconnus ce qui m’était familier chez le vieil homme: sa curiosité et sa complicité qui rendaient les rapports si intenses.
C’est un peu comme si j’assistais grâce à cette exposition à la naissance de la carrière de mon père.
Il venait à peine de mourir et je voulais que toute son oeuvre, ses soixante dix années de carrières soient célébrées. J’étais dans la précipitation, dans le tourbillon du deuil. Quentin et Virginie surent me rendre patiente.
C’est la première porte, le seuil de sa longue vie de recherches photographiques. Il m’a laissé toutes les clefs pour parcourir son œuvre, j’espère en avoir le temps.
Fiammetta Horvat
Frank Horvat. Paris, le monde, la mode
du 16 juin au 17 septembre 2023
Jeu de Paume de Paris
1 Place de la Concorde
75008 Paris, France
www.jeudepaume.org