Alors que l’Institut Catholique, sous pression des familles des donnateurs(*), avait décidé de retirer les tirages de Giuseppe Enrie, représentant le Saint-Suaire de Turin, de leur prestigieuse vente de photographies dimanche, Jésus fit son apparition au salon Photovintage.
Dés 7 heures du matin, les exposants s’installaient, toisaient les tables du voisin, découvraient les tirages vintages venus des quatre coins d’Europe et d’ailleurs. Dés 8 heures, avant de rejoindre leurs stands à Paris Photo, quelques galeristes, dont Hans Kraus Jr. et Johannes Faber, arpentaient les allées. Dés 11h, un public de connaisseurs et de curieux se pressaient sous les arcades de la Galerie Vivienne.
Pour la plupart des professionnels de la photographie ancienne, ce petit salon représente un des moments fort de l’année. C’est le petit miracle tant attendu. Les marchands étaient ravis de cette édition. Les visiteurs, qui étaient plus nombreux qu’en 2012, ont pu découvrir plus de cinquante tables sur lesquels reposaient des tirages « vintages » de toutes époques, de tout styles, dans lesquels on avait le droit de plonger les mains pour essayer d’en extraire une pépite.
Peter Galassi a déniché un Harry Callahan. Denise Bethel (directrice du département photographie chez Sotheby’s), qui avait décalée son retour à New York pour visiter Photovintage, ne fut pas déçue. « Ca me rappelle mes débuts, quand j’ai commencé à m’intéresser à la photographie, » m’a-t-elle confié un peu émue.
Antoine Romand, expert chez Ader, ne pouvait pas commenter la décision de l’Institut Catholique d’annuler la vente des photographies du Saint-Suaire. Cependant, il m’a confirmé qu’il avait des ordres d’achat qui couvraient largement les réserves. Selon ses estimations, la plus belle épreuve aurait pu atteindre 100,000 euros.
L’affaire du jour fut donc, sans contester, l’acquisition avisée d’un tirage similaire à un des lots retirés. Présentée dans son cadre d’origine, la taille de la photographie était la bonne, la signature au tampon sec authentique. Le marchand, qui m’a assuré que la transaction s’était déroulée de manière très spirituelle, se refusa d’en révéler le prix.
(*) Il s’agissait d’un don inaliénable.