Kiberia est le bidonville le plus peuplé de Nairobi, au Kenya. A cet endroit, plus d’un million de personnes vivent sur 4 km² . J’ai réalisé ce reportage en juillet 2009, afin de montrer l’interaction entre les différents problèmes. En prendre un en particulier n’était pas assez pertinent pour moi, c’est la causalité des problèmes entre eux qui permet de mieux comprendre un contexte très particulier.
Je suis né en 1987 à Annecy, en France. J’ai découvert la photographie dans les livres d’histoires lorsque j’étais adolescent. J’ai vu d’incroyables photo de Capa, Burrows, Ut… Je me souviens de ma surprise lorsque j’ai appris qu’être témoin d’événements historiques pouvait être un métier et que ces images n’étaient pas seulement des photos souvenirs prises par les protagonistes. J’ai commencé à prendre des images lorsque j’étudiais l’art graphique, à Paris. D’un passe temps c’est devenu une passion si grande qu’il en était difficile de continuer mes études. Finalement j’ai été accepté dans une école de photographie (Centre of Vocational Education in Vever), où j’ai pu acquérir de solides compétences techniques et renforcer mon goût pour le reportage et la photographie documentaire. Pendant ces deux ans, j’ai réalisé mon premier projet « sérieux » à Kibera.
C’était la première fois que j’allais en Afrique, j’avais beaucoup de préjugés comme beaucoup d’occidentaux et européens. J’avais bien planifié mon reportage, quatre mois auparavant. J’étais donc capable de passer trois semaines à Kibera, en restant avec les locaux, afin de me faire ma propre opinion concernant les difficultés sociales, sanitaires, ethniques et culturelles que j’ai rencontré. Quoiqu’il en soit, j’ai vite abandonné mes préjugés. Entre le moment où j’ai réalisé ma toute première image à la fin du projet, j’ai remarqué que je ne pouvais pas traiter les différents aspects du sujet séparément puisqu’ils étaient les causes et conséquences découlant d’un contexte. Pour vous donner une image, avoir vu la Tour Eiffel ne signifie pas connaitre Paris. J’ai continué de développer cette approche les années suivantes, elle a été omniprésente dans ma manière de photographier. En ce qui concerne le choix du noir et blanc, je ne l’ai pas choisi par nostalgie du passé ou pour prendre des images à la manière de certains photographes. Seulement, j’ai remarqué que quand une photographie était en couleurs, on se focalise plus facilement sur les couleurs elles-mêmes, le ciel est trop bleu ou le vert n’est pas assez brillant… Selon moi, éliminer ce problème permettait d’attirer l’attention des gens sur le sujet et d’apporter une dimension esthétique et plastique plus forte à mon travail.
Jeremy Saint-Peyre